Gaspard Ulliel, 37 ans, décédé tragiquement le mois dernier à la suite d’un accident de ski, était l’un des talents les plus prometteurs du cinéma français.
Dès son jeune âge, Gaspard Ulliel s’est dirigé vers une carrière dans le cinéma en commençant par quelques petits rôles dans la série télévisé « Une Femme en Blanc » à seulement 12 ans ou encore dans « Le Pacte des Loups » (Christophe Gans, 2001). Après quelques années passées à étudier la réalisation, il revient vers le métier de comédien en intégrant le Cours Florent le temps de quelques stages, ce qui lui permet de mettre en avant son talent et décrocher un rôle dans « Embrassez Qui Vous Voudrez » (Michel Blanc, 2002) ainsi que « Les Égarés » (André Téchiné, 2003), film qui le révéla. Sa carrière est lancée et les propositions de rôles se multiplient : les réalisateurs se bousculent pour embaucher ce talentueux et charismatique jeune acteur.
Gaspard Ulliel se fait connaître au grand public grâce à sa performance dans « Un Long Dimanche de Fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet (2004), pour laquelle il décroche le César du meilleur espoir masculin en 2005. Il enchaîne ensuite les rôles avec brio (mais en les choisissant avec soin) afin d’explorer différents types de personnages et de films et devient même égérie du parfum « Bleu » de Chanel. Le jeune acteur travaille aux côtés de grands noms du cinéma tels qu’Isabelle Huppert dans « Un Barrage Contre le Pacifique » (2009), Jean Reno dans « Le Premier Cercle » (2009) ou encore Gérard Depardieu dans « Les Confins du Monde » (2018). Ulliel parvient même à se faire remarquer outre-Atlantique en incarnant de façon démoniaque le rôle principal du film « Hannibal Lecter : Les Origines du Mal » de Peter Weber en 2007.
Après plusieurs refus de propositions venant de Gus Van Sant autour d’une idée de film sur Yves Saint-Laurent, au grand regret de l’acteur qui aurait « adoré faire un long métrage avec lui » (Ulliel), Gaspard Ulliel accepte d’incarner le grand couturier dans le biopic « Saint Laurent » signé Bertrand Bonello en 2014. L’acteur se plonge corps et âme dans son rôle afin de représenter le grand créateur à sa juste valeur. Son investissement paye car son interprétation d’Yves Saint-Laurent est sidérante et lui vaut une reconnaissance internationale : « la ressemblance est telle, ancrée sur le corps à modeler de Gaspard Ulliel, qu’on n’y prête plus attention ». Cependant le César du Meilleur Acteur revient à Pierre Niney pour son interprétation du même couturier dans « Yves Saint-Laurent » (Jalil Lespert, 2014).
Son talent sera récompensé lorsqu’il remporte le César du Meilleur Acteur pour son rôle dans l’adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce « Juste la Fin du Monde » par Xavier Dolan en 2017. Son interprétation de Louis, le fils prodigue qui, à l’approche de sa mort imminente, retourne dans sa famille après 12 ans d’absence est tout simplement magistrale. Cette brillante prestation a notamment été influencée par le rôle d’Yves Saint-Laurent bien que celui-ci soit aux antipodes du personnage du film de Dolan : « Louis n’aurait pu exister sans ce Saint Laurent » (Le Monde). L’acteur poursuit sa carrière notamment dans « Les Confins du Monde » (Guillaume Nicloux, 2018) et « Sybil » (Justine Triet, 2019).
Ainsi, Gaspard Ulliel faisait partie de la nouvelle vague des talents du cinéma et nous a offert d’éblouissantes prestations tout au long de sa trop courte carrière. Lors de la cérémonie des Césars du 26 février dernier, Xavier Dolan lui a rendu un hommage vibrant le temps d’un discours. Le public pourra observer une dernière fois le talentueux acteur dans « Plus que Jamais » (Emily Atef) qui sortira cette année ainsi que dans une nouvelle série Marvel « Moon Night ». Le monde du 7e Art a bel et bien perdu un acteur hors-pair mais en gardera le souvenir pour toujours car comme le dit Xavier Dolan, « Son talent, nous le possédons encore, et ça, personne ne pourra nous l’enlever ».
Tiphaine Gourgues
Photo de couverture: Laurent Vu/Sipa/Rex/Shutterstock