La République Démocratique du Congo : une crise humanitaire oubliée?

Depuis des décennies, la République Démocratique du Congo (RDC) est en proie à une crise humanitaire qui continue de se développer. Cependant, en raison d’un manque important de financement, ainsi que de l’inattention médiatique et diplomatique, la crise reste sans réponse, avec le pays comptant parmi les pays les plus pauvres du monde et sur la liste de surveillance d’urgence 2022.

Ainsi, j’ai décidé d’écrire sur la situation en RDC, non pas parce qu’elle fait l’actualité – la crise n’est pas nouvelle – mais parce que les Congolais semblent avoir été oubliés. 

Diamants, or, cuivre, cobalt et zinc – d’énormes réserves de ressources naturelles se trouvent dans ce pays africain – la richesse potentielle de la RDC est immense.

Mais des siècles d’exploitation et de pillages violents par les colonisateurs, les dirigeants, les intérêts privés et les pays voisins, et l’instabilité résultant d’années de guerre et de soulèvements politiques, ont plongé le pays dans une extrême pauvreté. Comme le pays mal gouverné, son économie souffre plutôt que de profiter de la hausse des prix de ses ressources abondantes, avec des débordements de violence entre groupes armés qui nuisent à l’activité économique. 

Le pays est caractérisé par l’insécurité. Des millions de personnes ont été forcées de fuir cette violence. Plus de 5.6 millions de Congolais sont déplacés à l’intérieur du pays, ce qui en fait la troisième plus grande population de personnes déplacées à l’intérieur (PDI) au monde. Le conflit armé de la fin des années 1990 a fait 5,4 millions de morts, principalement à cause de la maladie et de la famine. Aussi appelé la « deuxième guerre du Congo », cette guerre est la plus meurtrière au monde depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Même avec la paix officiellement déclarée en 2002, la violence n’a pas disparu, le pays connaissant un état constant de conflits déclenchés par des désaccords sur la terre, les ressources naturelles, l’ethnicité et le pouvoir, qui se poursuivent jusqu’à ce jour. De plus, la RDC a dû faire face à de multiples maladies répandues qui ont accru son besoin d’aide humanitaire, comme l’épidémie d’Ébola, de poliomyélite, et maintenant le COVID-19. Au fil des années, le pays a connu une succession de crises dévastatrices, conduisant à l’état actuel de ses affaires humanitaires.

Cependant, avec de nombreuses autres crises très visibles dans l’actualité, il est difficile de maintenir l’intérêt de l’audience pour les pays comme la RDC, qui ont été touchés par des conflits pendant des années. C’est ce qu’on appelle la « fatigue de crise ». C’est une raison pour laquelle les conflits qui continuent d’éclater en RDC font rarement le gros titre de l’actualité aujourd’hui. Dans son rapport sur « Les Crises les Plus Négligées Au Monde », l’ONG NRC a classé la RDC en tête. Basé sur trois critères, le classement considère le manque de couverture des besoins humanitaires du pays, le faible niveau de couverture médiatique et le peu d’attention portée à la scène diplomatique internationale.

Des familles congolaises ont rapporté des histoires de violence affreuses, mais ils ont reçu peu ou pas de soutien en réponse, ce qui les a laissé se sentir abandonnés et seuls. Ils reçoivent rarement la visite de donateurs de haut niveau et ils ne sont jamais une priorité pour la diplomatie internationale. Il y a vraiment une « fatigue des donateurs », avec la réponse humanitaire au Congo qui reste gravement sous-financée. Le domaine de la fonction publique et de la réforme administrative ont été largement négligés, diminuant gravement la distribution de l’aide aux millions de congolais dans le besoin.

Nous ne pouvons pas continuer à laisser des millions de Congolais souffrir dans l’ombre. Une responsabilité collective et partagée doit être établie pour mettre fin à la misère dans ce pays plein d’oppression, de négligence et de troubles.

Nous devons forcer une prise de conscience de la situation actuelle afin que des fonds suffisants soient collectés pour répondre aux besoins humanitaires et de protection du peuple congolais. De plus, les causes sous-jacentes de la violence doivent être recherchées et traitées afin d’éviter que la crise ne devienne plus incontrôlable.

Amber Bennett

Photo de couverture : Camp de réfugiés de Kibati à 25 km au nord de Goma. République démocratique du Congo, 2008. © Dominic Nahr/ L’Oeil Public

Pour en savoir plus :

https://www.journaldunet.fr/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1208809-pays-pauvres/

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/04/dans-l-est-de-la-rdc-des-millions-de-personnes-sont-au-bord-de-la-famine_6079094_3212.html

https://www.concern.net/story/drc-crisis-explained

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/republique-democratique-du-congo/la-republique-democratique-du-congo-vit-l-une-des-pires-crises-humanitaires-du-21e-siecle-selon-une-ong_4641287.html