Des Troubles Apocalyptiques Ébranlent la Stabilité au Sénégal

« Nous sommes au bord de l’apocalypse » a déclaré Alioune Badara Cissé, officiellement le médiateur de la république, en faisant allusion aux manifestations violentes contre l’arrêt d’Ousmane Sonko, l’opposition principale au président Macky Sall. Cinq jeunes sont morts pendant les émeutes après des affrontements avec la police. Mais si les dernières élections ont été tenues il y a presque deux ans et les prochaines sont prévues pour 2024, pourquoi cette violence n’éclate que maintenant ? Les émeutes se résoudront-elles de manière pacifique ? Et comment ces troubles affecteront la réputation du Sénégal comme pays le plus stable d’Afrique de l’Ouest ? 

Nous Allons Tout Saccager

Sonko et son parti, PASTEF, sont arrivés en troisième position lors de l’élection présidentielle en 2019, tandis que Sall a été réélu avec 58% des voix. Deux ans plus tard, en février 2021, Sonko, un critique charismatique du président et de l’élite dirigeante qui est très populaire parmi les jeunes, est allé se faire masser au salon. Et pourquoi est-ce important ? Parce qu’une employée l’a accusé du viol, une allégation sérieuse qu’il nie fermement et qu’il affirme est un stratagème du président pour le saper et empêcher sa candidature en 2024. Naturellement, Sall a nié ces accusations mais les partisans de Sonko n’en sont pas persuadés.

« Il [le président] doit savoir qu’il ne s’en est pas pris seulement à Sonko, mais aussi à la jeunesse, parce que Sonko est l’espoir de toute une nation » a crié un manifestant à Dakar où les émeutiers pillant, mettant le feu, et attaquant les institutions pro-gouvernementale y compris le quotidien « Le Soleil » et la station de radio « RFM ». Pendant les affrontements violents avec la police à Bignona, Diaobe, Dakar et plusieurs autres villes, beaucoup de gens ont été blessés et tristement cinq ont perdu leurs vies. NetBlocks a rapporté que le gouvernement restreignait l’accès à Internet et les mouvements « Y’en A Marre » et « Mouvement de défense de la démocratie » ont annoncé qu’il y aura trois jours de plus de manifestations à partir de lundi 8 mars – le même jour où Sonko a été officiellement accusé et libéré sous caution. Malgré les appels pour la paix, les partisans de l’opposition semblent déterminés. Un émeutier a résumé l’approche générale des manifestants: « Si Macky Sall entend notre message pour une marche pacifique, nous manifesterons pacifiquement. Mais s’il ne réagit pas, nous opterons pour la violence. Nous allons tout saccager. »

Le président Macky Sall (gauche) et le candidat présidentiel Ousmane Sonko (droit) [Jotna News]

L’Alpha et l’Omega

Selon Sonko, « Macky Sall est l’Alpha et l’Omega du système de corruption au Sénégal. » S’il est correct ou non est difficile à dire. Sall a battu son ex-ami et nouveau rival, l’ex-président Abdoulaye Wade en 2012, allié avec le « 23 Juin », un mouvement anti-Wade qui a manifesté contre la corruption et la candidature du Wade pour un troisième mandat. Sall a gagné la présidence en promettant qu’il introduira une limite de deux mandats présidentiels et réduira les mandats de sept ans à cinq ans. Sept ans plus tard il a encore gagné en 2019. À cause de la décision tardive suspecte du conseil constitutionnel de réduire les mandats présidentiels, les prochaines unes sont prévues pour 2024. Mais Sall ne peut pas être candidat, si ? Comme promis, en 2016 Sall a organisé un référendum ou 68% a voté pour interdire les présidents de servir pour plus de deux mandats. Il semble ridicule absolument que cinq ans après avoir introduit l’interdiction Sall pourrait essayer de manipuler et modifier la loi pour permettre sa candidature en 2024. Pourtant cette corruption politique n’est pas la seule raison pourquoi les Sénégalais sont en colère. 

Quand il est devenu président, la valeur nette stupéfiante de Sall de 1,3 milliard de francs a été révélée, une somme qui est difficile d’obtenir légalement. Ça et son association avec l’ex-président français Nicolas Sarkozy qui a récemment été reconnu coupable de corruption ont soulevé des soupçons sur la corruption financière parmi l’élite dirigeante sénégalaise. Sonko, un ex-inspecteur des impôts qui est devenu un dénonciateur acclamé de l’évasion fiscale et la corruption plus vaste, ainsi attaque fortement le président et selon la journaliste située à Dakar, Ndèye Khady Lo, « il est le seul challenger sérieux restant » à Sall.

Les enseignants de Dakar attendent de monter à bord des autobus affrétés par le gouvernement pour retourner dans les écoles dans les villes de campagne au milieu des interdictions de voyager entre les régions en raison de la pandémie de COVID-19 [Zohra Bensemra/Reuters]

Yoonu Yookuté

« Voie de développement réel » a été un slogan utilisé par la campagne de Sall en 2012, et la même phrase en le langue Wolof c’est « Yoonu Yookuté ». Donc qu’est-ce que la vraie voie de développement au Sénégal ? Avec l’expérience de la pandémie d’Ebola, plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, y compris le Sénégal, ont déjà compris les mesures nécessaires pour combattre la COVID-19. Malheureusement, bien que Sall ait été loué pour son « couvre-feu du crépuscule jusqu’à l’aube » efficace, il a échoué à fournir aux gens un soutien financier. Ce qui l’a forcé à lever le couvre-feu prématurément. La façon controversée dont il a traité la crise et la lenteur de ses projets économiques à long terme, tels que le « Sénégal Emergent », ont cause la désapprobation répandue, et l’arrêt d’Ousmane Sonko était la dernière goutte d’eau. Mais la question la plus importante reste : la désapprobation est-elle avec Sall lui-même ou avec le système ? Sonko suggère que les problèmes sont à cause du système et Sall est un symptôme. Mais si c’est le cas, même si Sonko est l’espoir de la nation, pour résoudre les problèmes, les sénégalais auront besoin de quelque chose de plus difficile à obtenir: la coopération. Avant tout, la violence doit arrêter si le pays veut s’améliorer. ECOWAS probablement a donné la meilleure réponse d’un observateur à cette crise : les autorités devraient « prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir la liberté de manifester pacifiquement. »

Omar Khan

Image de couverture: Les manifestants brandissent le drapeau sénégalais en faisant face à la police pendant les émeutes [CNN]

Sources:

https://fr.africanews.com/2021/03/07/senegal-si-sonko-n-est-pas-libere-nous-allons-tout-saccager/

https://www.bbc.co.uk/news/world-africa-56311673

https://www.france24.com/fr/afrique/20210305-s%C3%A9n%C3%A9gal-gu%C3%A9rilla-urbaine-%C3%A0-dakar-ousmane-sonko-toujours-en-garde-%C3%A0-vue

https://www.devex.com/news/how-senegal-has-set-the-standard-on-covid-19-98266

https://edition.cnn.com/2021/03/05/africa/senegal-protests-rape-charge-intl/index.html