Trois. Three. Três. Drei. तीन (tinne). درې (dré).
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il existait des similarités entre ces mots ? Les exemples ci-dessus viennent du français, de l’anglais, du portugais, de l’allemand, de l’hindi et du pashto. Superficiellement, l’allemand n’a aucune connexion au pashto, et pourtant les deux mots sont étrangement similaires. Le fait que ces mots ont des similarités n’est pas une coïncidence. En fait, c’est le témoignage d’une langue qui connecte toutes ces langues, le proto-indo-européen. C’est une langue hypothétique, parlée de la fin de l’âge néolithique jusqu’au début de l’âge de bronze[1], et si vous êtes né(e)s en Europe, en Iran ou en Inde, vous parlez tous probablement au moins une langue qui vient de cette langue ancienne. Oui, les langues indo-européennes comprennent la plus grande superficie géographique, comme la carte vous le montre.
Ce n’est pas étonnant qu’on trouve des mots entre le français, l’italien, l’espagnol et le portugais qui sont similaires. Ils sont appelés « des mots apparentés ». Ces langues font partie d’une famille de langues, les langues romanes, ainsi nommée car elles sont issues du latin, premièrement parlé à Rome. De la même façon, on trouve de tels mots entre l’anglais, l’allemand, le néerlandais, les langues Scandinaves etc., et ces langues sont des langues germaniques. On a ainsi plusieurs familles de langues en Europe, comme celles slaves et helléniques. En Asie, les langues iraniennes et certaines langues indiennes aussi font partie de ce continuum linguistique. On appelle ces sous-familles des branches du continuum.
Les mots donnés au-dessus n’est pas les seuls qui sont similaires. Prenez l’exemple du mot en serbe et en marathi pour « miel ». Ils sont « мед » (med) et « मध » (madh). Comme vous pouvez l’imaginer, même le mot français en est proche.
Alors, pourquoi sommes-nous sûrs qu’une telle langue, dont on n’a aucune évidence attestée, existait ?[2] Le chemin à cette conclusion suit la façon comparative. Les deux exemples donnés la démontrent en enfance. Une fois qu’on peut voir quelques similarités, on cherche plus profondément pour les racines généalogiques, comme celles de la phonologie et de la sémantique. Le processus commence à rassembler à des listes des mots apparentés. Cependant, il faut être vigilant qu’on ne considère pas des faux amis, qui sont des mots qui paraissent similaires, mais qui ne partagent pas l’ADN linguistique, comme « taboo » en anglais. Bien que ce mot paraisse similaire à celui en maori, l’anglais et le maori ne sont pas classifiées sous la même famille, en raison de ce mot été emprunté au maori.[3],[4]
Prochainement, on bâtit des tableaux de correspondences. Ils désignent certaines différences régulières entre deux langues qu’on théorise être liées. Par exemple, considérez certains mots entre le français, le portugais, l’anglais et le néerlandais.
Français | Dent | Dix | Deux |
Portugais | Dente | Dez | Dois |
Anglais | Tooth | Ten | Two |
Néerlandais | Tand | Tien | Twee |
Vous pouvez voir que malgré les différences entre ces mots, ils suivent un type, qu’en anglais et néerlandais, les mots commencent avec un « d », où ils ont un « t » en français et le portugais. Ainsi, on peut souscrire le français et le portugais à une famille (romane), et l’anglais et le néerlandais à une autre famille (germanique). Puis, on dissèque ces tableaux pour des autres motifs subtils, et de plus en plus on arrive à un mot unique duquel tous les mots analysés en dérivent.[3]
Même dans une seule famille, les changement et différences entre les mots qui se dérivent de ce « proto-mot » sont guidés par les distances géographiques, car les peuples qui sont proches l’un de l’autre partagent leurs langues plus vite que les peuples qui sont séparés par des montagnes, rivières et des autres cadeaux de terrain. Ainsi, l’hindi et le français ont moins de similarités que l’hindi et la serbe.
On a donc expliqué pourquoi le français est plus facile à apprendre que le japonais ou bien l’hindi pour quelqu’un qui parle l’anglais, grâce à la proximité linguistique et géographique. Mais ce n’est pas le seul fil qui ficèle nos langues. Il y a un autre phénomène, à parts égales historique et moderne, sanglant et amical, qui existe à partir du moment où les langues humaines ont existé.
La Normandie a conquis l’Angleterre en 1066, pendant la Bataille d’Hastings, une ville dans le Sussex de l’Est.[5] Cette bataille a amené les plus grands changements dans le vocabulaire anglais. L’Anglais a ainsi adopté des nombreux mots scientifiques, légaux, philosophiques et académiques, une occurrence qui a distingué l’anglais de ses frères germaniques à jamais. De nos jours, le mot pour « forêt » en anglais, c’est « forest », pris d’une forme vieille du mot français, mais en allemand c’est « Wald ». En fait, avant cette bataille, un autre mot, similaire à celui d’allemand, a été utilisé en anglais, « Weald ».[6] Il y a beaucoup de noms des endroits en Angleterre qui portent ce mot, comme Harrow Weald à Londres et North Weald à Essex. Cet ancien mot anglais a été remplacé par le mot français à cause de cette bataille. De plus, quelques mots germaniques en anglais portaient un sens diminué des synonymes français, et on peut le saisir aujourd’hui aussi : « savage », du mot français « sauvage », a des connotations plus intenses que « wild », qui est le mot germanique. « Enquire » de vieux-français « enquerre »[7] généralement fait allusion à l’autorité, mais « ask » est pour demander des questions générales.
Le colonialisme a aussi apporté des nouveaux mots aux autres langues. En Inde, le mot hindi pour une table c’est टेबल (prononcé assez proche au mot anglais), pris directement de l’anglais, suite au règne britannique dans le pays pour presque 200 ans. En fait, il n’y a pas de mots indigène pour beaucoup de choses, où le mot utilisé est directement adapté de l’anglais. D’ailleurs, le japonais, qui est une langue historiquement isolée (sauf pour ses importations du chinois), a créé des nouveaux caractères comme le katakana, réservés pour les emprunts européens. Le revers est vrai aussi. L’anglais, de façon d’être la lingua franca, prit des mots d’autres langues non-européennes; comme « shampoo », du mot « चाँपो » (tchenpo) au sens d’appuyer[8], ou « kawaii » de même mot japonais pour décrire une esthétique unique qui vient du Japon. Quant aux autres langues, l’espagnol utilise le mot « aceite » pour « huile », venant du mot arabe « زيت » (zéitte),[9] ou « aguacate » pour l’avocat (le fruit), qui vient du mot nahuatl « āhuacatl ».[10]
Enfin, le processus de l’évolution des langues est imbattable. Tant que les êtres humains se parlent, font des affaires, et interagissent entre eux, nos langues continueront d’évoluer, et ainsi créeront des nouvelles connexions et réseaux ornementaux et complexes, et nous ne pouvons que le regarder de tout émerveillement.
Neel Kulkarni
Image de couverture : https://en.wikipedia.org/wiki/Indo-European_languages
Références
1: http://www.archaeology.org/exclusives/articles/1302-proto-indo-european-schleichers-fable
2: https://www.ed.ac.uk/files/atoms/files/archaeology_et_al_-_an_indo-european_study.pdf
3: Lyovin, Anatole V. (1997). An Introduction to the Languages of the World. New York: Oxford University Press, Inc.
4: https://en.wikipedia.org/wiki/Comparative_method
5: https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Hastings
6: https://en.wiktionary.org/wiki/weald
7: https://en.wiktionary.org/wiki/enquire#English
8: https://en.wiktionary.org/wiki/shampoo