En décembre, la mission chinoise vers la Lune a été un succès, prouvant que le programme spatial de la Chine a largement les capacités de rivaliser avec les États-Unis. Les prochaines explorations prévoient, entre autres, d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici la fin de la décennie, de poursuivre l’exploration de Mars, et de lancer une station spatiale chinoise permettant à la Chine de mener ses propres missions en orbite.
La course à l’espace continue entre grandes puissances. Il y a quelques années, les États-Unis et la NASA régnaient en maîtres sur l’exploration spatiale. Mais ce n’est plus le cas à présent, comme l’ont démontré les récentes prouesses de la Chine dans ce domaine.
Le programme spatial chinois fut lancé sous Mao dans les années 1960, un départ tardif comparé aux Américains ou aux Soviétiques. Dans un premier temps, la recherche spatiale a surtout des objectifs militaires, à travers notamment le développement de missiles balistiques. Après plusieurs échecs, il faudra attendre 1970 pour que le premier satellite chinois, Dong Fang Hong 1, soit mis en orbite. Avec à son bord un émetteur radio, ce satellite diffuse L’Orient est Rouge, une chanson révolutionnaire à la gloire du leader Mao Zedong.
En 2003, le projet spatial de la Chine prend de l’ampleur grâce à l’envoi du premier astronaute chinois dans l’espace, Yang Liwei. Le géant asiatique rejoint ainsi le club privé des pays ayant envoyé des hommes en orbite par leurs propres moyens. Des missions habitées ont été régulièrement lancées depuis.
La Chine n’a pas participé au projet de la station spatiale internationale, qui associe les Américains, Canadiens, Russes, Européens, et Japonais. Elle cherche à opérer sa propre base indépendante. Tiangong-1(« Palais Céleste 1 ») est ainsi un module spatial lancé en orbite en 2011 et qui a fonctionné jusqu’en 2016, accueillant à plusieurs reprises des astronautes. Il a servi de laboratoire, mais surtout de première étape vers la construction d’une station spatiale bien plus conséquente et capable d’accueillir plusieurs astronautes à la fois pour de longues périodes. « Le rêve d’espace » de Xi Jinping va se concrétiser cette année avec la construction de cette base, Tiangong-3, qui devrait être lancée en 2022. La Chine pourra alors mener ses propres missions d’exploration, et se lancer plus loin dans le système solaire.

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L’ambition de la Chine s’étend aussi vers la Lune. En 2019, elle a réussi une première historique en faisant atterrir un robot sur la face cachée de la Lune. Puis en décembre 2020, la mission Chang’e 5 a marqué un autre succès ; la sonde a pu ramener environ 2 kilogrammes de poussières et cailloux lunaires, que les scientifiques chinois peuvent analyser. De plus, plusieurs experts voient ce voyage comme une étape cruciale dans la conquête de la Lune par la Chine. « Avec Chang’e 5, on répète toutes les étapes d’un voyage habité vers la Lune », a déclaré le spécialiste du programme spatial chinois Philippe Coué sur RTL. En effet, les Chinois ambitionnent à long terme d’installer une base scientifique permanente sur la lune. Pour cela, des astronautes devraient être envoyés sur le sol lunaire d’ici la fin de la décennie pour commencer les installations. Aussi, la réalisation de ce projet donnerait une avance considérable à la Chine sur les États-Unis dans la conquête spatiale.
Enfin, les autres grandes explorations concernent Mars, où là aussi la Chine n’a rien à envier aux autres puissances spatiales. Elle a lancé en juillet 2020 la fusée Longue-Marche 5, qui porte une sonde destinée à se poser sur la planète rouge en mai 2021. Cette mission, Tianwen 1 (« Questions au ciel 1 ») est très ambitieuse ; elle prévoit de faire en une fois tout ce que les États-Unis ont fait depuis les années 1960 sur Mars. Cela comprend placer une sonde en orbite de la planète, poser un atterrisseur duquel sortira un petit robot télécommandé qui rapportera des analyses faites au sol. Certains officiels liés au projet spatial ont évoqué d’envoyer des astronautes chinois vers Mars dans un horizon plus éloigné.
Malgré une entrée tardive dans la course à l’espace, la Chine s’est aujourd’hui construite une place confortable. Dans un climat de tension avec les États-Unis, la compétition spatiale a des airs qui rappellent la Guerre Froide. Alors que les missions s’aventurent de plus en plus loin, la Chine a toutes les ressources nécessaires – scientifiques, financières, détermination – pour permettre de grandes avancées. Une fois de plus, le programme spatial chinois est une illustration de la capacité chinoise à construire des projets de pointe en quelques années seulement.
Zoé Furgé
Photo de couverture : Fusée Longue-Marche 5 transportant la sonde Tianwen 1 vers Mars, lancée le 23 juillet 2020 du centre spatial Wenchang, dans la province de Hainen, Chine. Agence de presse chinoise Xinhua – Cai Yang/AP