Vaccination Contre la COVID-19 : C’est Pour Quand ?

Alors que des groupes pharmaceutiques tels que Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca ont tous validé leur phase 3 (qui est celle des tests à grande échelle) de leur candidat vaccin contre la Covid-19 avec une protection variante entre 70% et 95%, le plan vaccinal varie grandement d’une région à l’autre, voire d’un pays à l’autre. Le point commun, c’est que la population entière de chaque pays ne sera pas vaccinée d’ici fin 2021, voire plus tard, et que le rôle premier de cette vaccination est d’éviter la pression mise sur les hôpitaux du monde entier ainsi que le nombre de décès. 

France et Union Européenne

Les pays de l’Union Européenne suivent un protocole très strict avant la mise en marché de n’importe quel médicament y compris le vaccin contre la Covid-19. L’Union aurait déjà précommandé presque 1.9 milliard de doses parmi 6 laboratoires dont Pfizer-BioNTech, Moderna, et AstraZeneca. En revanche, il faudra attendre au plus tôt fin décembre pour que L’Agence Européenne des Médicaments (EMA) autorise la mise sur le marché de ces vaccins et donc au plus tôt début janvier pour que la vaccination des 27 ne commence.

En plus de l’approbation de l’AEM, la France devra en plus avoir celle de la Haute Autorité de Santé (HAS). Ce 3 décembre, le premier ministre Jean Castex, épaulé par le ministre de la santé Olivier Véran, a annoncé lors d’une conférence de presse le plan vaccinal de la France, soutenu par la HAS. Bien que préliminaire, ce plan se divise en 5 phases 

  1. Les personnes âgées résidants en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et les professionnels du secteur de la santé, du secteur médico-social et du transport sanitaire […] en ciblant prioritairement ceux qui sont amenés à être en contact prolongé et régulier avec des personnes susceptibles d’être infectées par le Sars-Cov-2 et qui présentent eux-mêmes un risque de forme grave. 
    1. Cela concerne environ 1 million de personnes qui seront vaccinés en janvier.  
  2. Les personnes ayant plus de 75 ans puis les personnes de 65 à 74 ans ayant une comorbidité, puis les autres personnes de 65-74 ans [en poursuivant] la vaccination des professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire, en priorisant les professionnels âgés de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité. 
    1. 14 millions de personnes seraient donc vaccinés entre février et le printemps. 
  3. Les personnes de plus de 50 ans ainsi que celles de moins de 50 ans avec comorbidités ainsi que les professionnels issus des secteur indispensables au fonctionnement du pays (sécurité ou éducation par exemple). 
    1. Cette étape commencera dès les printemps 2021. 
  4. Les personnes fortement exposées au virus du Sars-Cov-2 et qui n’auraient pas été vaccinées antérieurement, notamment les professionnels dont l’environnement de travail favorise une infection ou les personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic moins favorable en cas d’infection par la Covid-19 (résident en hôpital psychiatrique, sans domicile fixe, détenus…) 
  5. Les personnes de plus de 18 ans et sans comorbidité  

Chaque étape pourra débuter sous réserve d’un nombre suffisant de vaccins et si l’étape précédente est terminée.

Olivier Véran rappelle cependant que le début de vaccination ne changera pas drastiquement les règles sanitaires déjà mises en place telles que la distanciation sociale, le port de masques, etc., et que la vie ne reviendra pas à la normal tout de suite après le début du plan vaccinal. 

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni est le premier et pour le moment le seul pays européen à avoir commencé sa campagne de vaccination. Ayant autorisé le vaccin de Pfizer-BioNTech le 2 décembre 2020 suite à l’approbation du Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA), l’agence de régulation de médicaments du Royaume-Uni, les premières doses du vaccin ont été administrées dès le 8 décembre. Margaret Keenan, 90 ans, devient donc la première personne à recevoir la première dose du vaccin en ce ‘V-Day’. Jusqu’à quatre millions de doses sont attendues d’ici la fin du mois, ce qui permettra la vaccination d’au moins deux millions de personnes. 

Le gouvernement a par ailleurs établi un plan strict de vaccination 

Joint Committee on Vaccination and Immunisation: advice on priority groups for COVID-19 vaccination, gov.uk

Ce plan très détaillé permet la protection en aval des personnes fragiles (et donc plus à même de développer une forme grave,voire mortelle, de la maladie) ainsi que des personnes travaillant dans le domaine médical. 

Amériques

Alors que les États-Unis est le pays le plus durement touché par la crise du coronavirus (que ce soit en nombre de cas comme en nombre de décès), la Food and Drug Administration (FDA) a autorisé en urgence le vendredi 11 décembre le vaccin Pfizer-BioNTech. Bien que le pays n’a pas de plan détaillé, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) recommande qu’il soit d’abord administré au personnel de la santé et aux résidents d’établissements de soins prolongés, ce qui représente presque 25 millions de personnes. 

Le Canada a lui autorisé le premier vaccin, lui aussi celui de Pfizer-BioNTech, le 9 décembre. Le pays commence à vaccinerles résidents et le personnel des maisons de retraite, les adultes de plus de 70 ans, en commençant par les plus âgés, les personnes travaillant dans le monde de la santé et les adultes des communautés indigènes.

Au Brésil, 2e pays le plus touché par la pandémie, la vaccination risque de ne pas commencer d’ici Mars 2021. Pariant sur les vaccins des groupes AstraZeneca et Sinovac Biotech, le pays devrait recevoir 100 millions de doses au premier trimestre 2021. Bien que le régulateur de la santé au Brésil, l’Anvisa, n’ait approuvé aucun vaccin pour le moment, le gouvernement a détaillé un plan de vaccination en commençant par la population de plus de 80 ans, les travailleurs de la santé ainsi que la population indigène. Cependant, aucune date précise n’a été communiquée, ce qui laisse les brésiliens.ennes dans l’incapacité de savoir quand le vaccin leur sera accessible. 

Enjeux de la vaccination dans le reste du monde

Les pays de L’Union Européenne, d’Amérique du Nord et d’Océanie ont été les premiers et les plus réactifs dans la commande de vaccins et la préparation de plans vaccinaux. Ils sont aussi ceux qui vont recevoir le plus de doses de vaccins. 

L’Organisation Mondial de la Santé (OMS) appelle à une distribution juste et équitable des vaccins contre la Covid-19. Ayant créé COVAX avec l’UNICEF, Gavi, et plus de 180 gouvernements, l’Organisation appelle les gouvernements à ne pas à ne pas s’affronter dans l’accumulation de doses mais à agir ensemble. Les pays participant à ce programme recevront tous le même nombre de doses de vaccins pour qu’aucun ne soit laissé de côté. C’est une chance pour les pays en voie de développement qui ont moins de ressources mais qui pourront, grâce à COVAX et au financement de pays plus riches, commencer à vacciner leur population dès qu’un vaccin sera accessible. 

Encore un long chemin…

Bien que certains pays aient précommandé des millions de doses de vaccins et que certains aient déjà commencé la vaccination de leur population, il reste beaucoup à faire pour que le monde entier soit vacciné. Les plus grands enjeux pour mettre fin à cette pandémie restent la vaccination dans les pays les moins riches qui auront besoin des plus riches afin de vacciner leur population, le prix du vaccin qui lui aussi reste à prendre en compte. Enfin, avec la monté des théories du complot et surtout des ‘anti-vaxers’, la protection universelle contre la Covid-19 risque d’avancer à petit pas. 

Sofiane Kolli

Photo de couverture: https://www.deutschland.de/en/topic/knowledge/coronavirus-germany-is-very-close-to-a-vaccine