Only twenty minutes to sleep, but you dream of some epiphany. Just one single glimpse of relief, to make sense of what you’ve seen.
(Seulement vingt minutes à dormir, mais vous faites des rêves d’une illumination. Juste un aperçu de soulagement, à comprendre ce que vous avez vu) – Taylor Swift dans epiphany
Février 2020 : il y a des présages d’un nouvel ennemi invisible, mais la vie dans l’Ouest continue comme d’habitude. Cela changera dans un mois. La pandémie qui a chamboulé nos vies cette année a eu un effet particulièrement dévastateur sur les métiers du spectacle. Encore aujourd’hui, en décembre, l’espoir d’assister aux concerts reste comme un rêve fiévreux. Dans un sens presque dystopique, cette pandémie a forcé des changements innovants — les concerts virtuels, l’enregistrement des albums à l’écart ; en soi pour les artistes, comment rester liés à leurs fans. Au milieu des vagues d’incertitude, il y a un exemple d’artiste qui n’a pas perdu son chemin avec son album folklore : Taylor Swift.
N’importe qui ayant suivi le cycle de sortie de ses albums sait bien à quel point elle les planifie tous méticuleusement. Du teaser aux clips, de révéler lentement la pochette à bâtir de l’élan jusqu’à la sortie, il n’y a aucun détail qui manque. Prenez son album précédent, Lover, sorti en août 2019.1 Ses premières traces étaient des images esthétiques qu’elle a posté sur Instagram, bouillonnant de couleur et éclat. Les singles, ME!, You Need To Calm Down, et Lover ont continué sur ce thème d’optimisme et de la fête du bonheur. La pochette elle-même démontre Swift devant un ciel de rose, bleu, orange, et jaune, avec des mèches bleues dans les cheveux. Lorsque le dernier single, The Man, est sortis en janvier 2020, le monde s’est arrêté.
Où aller d’ici ? En vue du chaos qui nous bat, nous serions pardonnés à ne rien faire de plus que manger des cookies dans son lit en regardant des films, bien que cela soit considéré comme paresseux. Mais c’est le cadeau d’être créatif — même les choses les plus ordinaires peuvent composer une belle création. Swift n’est pas une étrangère à cette idée. Sa chanson Lover est un produit ainsi créé.2 Donc quand il s’agit de folklore, on voit le même coup de main, mûri et âgé, mais il y a une différence. folklore marque un changement extraordinaire pour le rapport de Swift, qui est généralement célébrée pour ses paroles hyper personnelles. Avec ses propres mots, « En isolement, mon imagination agissait en liberté et cet album est son résultat, une collection des chansons et histoires qui se sont écoulées comme un flux de conscience. »3 Avec folklore, les couleurs, paroles personnelles, et attitudes sont remplacés par un gris brumeux, évoquant les mémoires qu’on ne peut plus tenir dans nos propres mains, complété par une trace orageuse de la danse entre la mélancolie, l’espoir, et la peur. Ainsi, ce n’est pas trop étonnant que folklore ait été nommé un album essentiel de la pandémie.
Peut-être que le meilleur exemple d’une chanson où Swift marche sur la frontière entre réalité et imagination, c’est la septième piste, seven. Elle parle de l’amitié forte entre une fille et une Swift jeune en Pennsylvanie, dont le visage Swift ne se rappelle plus. Revenant à ce souvenir après 23 ans, elle implore à cette fille de la rejoindre, qu’elles seraient des pirates, qu’elles déménageraient en l’Inde pour échapper à la Pennsylvanie et à la maison tourmentée à cause d’un père abusif. Normalement, cela paraîtrait facétieux, et néanmoins en 2020, c’est une idée qui nous parle à l’âme. De plusieurs façons, seven est la chanson-titre de folklore. Elle représente l’incertitude, la confusion, la peur et à parts égales l’espoir et le désespoir qui sont les émotions récurrentes, en demandant, « Y avait-il encore de belles choses ? »4
Pendant que seven à l’air d’obtenir quelque chose intangible, la sixième piste, mirrorball, parle de la peur de perdre — la perte de soi, la perte de monde, la perte de chemin. En guide d’une discothèque déserte, où une seule boule disco brille, illuminant les ombres des gens qui y étaient il était une fois, Swift fait l’éloge de l’effet de la pandémie. Les murmures de la fin nous approchent. Les ivrognes attendent que les personnes brisées, dont les fissures brillent, s’effondrent encore une fois. La discothèque est détruite. Swift explique aussi sa peur d’être disparue, pas seulement à cause de la pandémie, mais aussi parce qu’elle craint qu’il y ait un jour quand elle ne sera plus assez intéressante comme artiste. Toutes ces peurs réduisent à ne plus être fidèle à soi-même, et devenant une boule disco, qui ne montre qu’aux autre toutes les versions d’eux-mêmes : « Je peux changer tout de moi afin de m’y intégrer … j’essaye encore tout pour que tu continues à me regarder, car je suis une boule miroir ».5
L’espoir comprend une grande partie de l’album et même nos vies pendant cette année. Avec les variables qui essayent à la réduire, comme la cacophonie des médias, la peur qu’elle publie sans cesse, et la bipolarisation à cause de la politique, ce n’est qu’habituel de s’accrocher au peu d’espoir qu’on peut trouver, soit qu’on le trouve dans nos relations amoureuses, ou qu’on y vienne sous forme des personnes qui ne sont pas les nôtres. Quant à Swift et folklore, cela se manifeste comme la trilogie des chansons interconnectées, cardigan, betty et august, et aussi illicit affairs et the 1. Leur principe fondamental, c’est de vivre pour l’espoir, et l’assimilation de ce qui se passait.
Politiques sensuelles se mêlent aux cicatrices en sang, tant que Betty se sentait comme un cardigan jeté, car James lui faisait du mal, en poursuivant Augustine, après qu’il lui a promis qu’elle était la bonne. Pour Augustine, elle ne voulait pas voler James, car le désir pour James, qu’elle vivait pour l’espoir, cela comptait assez. Mais pour James, elle n’était qu’une passade. C’est ce que des liaisons illicites impliquent, « elles montrent leur vérité juste une fois, mais elles mentent des millions fois ». Quant à Betty, elle ne désirait qu’embrasser en voitures et des bars. Et quant à James, il n’avait que 17 ans, et en ses propres mots à Betty, « Je ne sais rien, mais je sais que tu me manques ». James, Betty et Augustine représentent les trois côtés d’esprit liés par une ficelle invisible. On fait du mal, on reçoit du mal, et on veut ceux qui ne seront jamais les nôtres. Pour ceux qu’on veut, on deviendra des épaves perdues qui ne cesseraient jamais de se gâcher des millions de fois. Néanmoins, à la fin, on l’accepte, on mûri.6,7,8,9,10
Dans notre quête de gagner de la maturité, l’essai est bien important. Swift explore cette idée dans this is me trying et peace. Les effets du coronavirus nous ont laissé confus. Nous avons bavé pour nous adapter. Nos peurs se manifestent comme étant fâchées et énervées, nos déchaînements pourraient être vus comme étant timbrés. L’augmentation de l’alcoolisme, des violences conjugales, et de la dépression est la pandémie secondaire qui naît de cette pandémie. Il y a un manque de paix. On ne comprend plus nos propres positions dans la société, « J’avais une telle longueur d’avance, je m’avançais à peine … je m’épanchais auprès d’un étranger, mais je n’ai pas versé le whisky ». Le temps se sent accéléré et ralenti en même temps. Notre majorité est venue et partie. Nos relations évoluent. Il faut qu’on se demande, et qu’on demande à ceux qui sont les plus importants pour nous, « Serait-il assez si je ne pourrais jamais te donner la paix ? » Quelquefois, on n’a pas le courage de nos convictions, grâce au danger en confiance qu’on perçoit, qui parfois habite en nous-mêmes — et c’est valide qu’on suive nos peurs. Au moins, on essaye tous.11,12
L’autre chanson qui se concerne sur la pandémie, c’est epiphany. Ici, Swift compare les héros de la pandémie, les médecins et les infirmiers.es, à son grand-père, qui a participé à la deuxième guerre mondiale, avec un ton hymnique. En guerre et en pandémie, l’étendue psychologique de la destruction énerve ceux qui sont aux frontières, et pourtant, ils n’ont que vingt minutes pour dormir, pour tout comprendre, avant qu’il faille l’affronter encore. Notre sécurité dépend de leurs vies. Nous servons et nous tombons en même temps qu’eux. Les cris de « Monsieur, je pense qu’il saigne à mort » et « Docteur, je pense qu’elle s’évanouit » font un huis clos. La chanson est une méditation, un canal de fascination, à leurs déterminations d’avoir de la fulguration, si moins du temps soit-il. Les chants se glissent de façon fantomatique, comme s’ils nous forçaient à voir ce qui restera après que cette année nous ait démolis.13
Cet album est donc un produit d’isolement sans ambages, qui essaye de contester l’adage, « Vraiment, il y a des choses dont on ne peut jamais parler » et quand même elle accepte qu’en vue de cette année, cela serait parfaitement nos réalités dans un avenir proche.13

Neel Kulkarni
Photo de couverture: Taylor Swift pour folklore, par Beth Garrabrant
Références:
1 https://www.instagram.com/p/Byqi9nGD8gb/
2 https://www.youtube.com/watch?v=UEeWmItgdxA
3 https://www.instagram.com/p/CDAsU8BDzLt/
4 https://genius.com/Taylor-swift-seven-lyrics
5 https://genius.com/Taylor-swift-mirrorball-lyrics
6 https://genius.com/Taylor-swift-cardigan-lyrics
7 https://genius.com/Taylor-swift-august-lyrics
8 https://genius.com/Taylor-swift-betty-lyrics
9 https://genius.com/Taylor-swift-illicit-affairs-lyrics
10 https://genius.com/Taylor-swift-the-1-lyrics
11 https://genius.com/Taylor-swift-this-is-me-trying-lyrics