Corrompu et antidémocratique. Il a accédé au pouvoir illégalement et on se souviendra de lui pour ses controverses scandaleuses. Mais de qui parle-t-on ? Mouammar dadhafi ou Nicolas Sarkozy ?
Pour la première fois dans l’histoire française, un ancien président comparaîtra devant le tribunal accusé de trafic d’influence et la corruption immorale. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Sarkozy sera-t-il envoyé en prison? Et quel est le rapport avec le feu chef libyen?
Le Président Paul Bismuth
L’affaire des « écoutes » implique le président bling-bling et son avocat, Thierry Herzog, soudoyant un juge pour qu’il leur donne des informations sur une enquête sur les donations secrètes présumées à la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007. Gilbert Azibert s’est vu offrir une position lucrative à Monaco comme l’ont révélé les appels téléphoniques qui ont été mis sur écoute entre Sarkozy et Herzog. Pendant ces appels, Sarkozy a utilisé le faux nom « Paul Bismuth ». S’ils sont reconnus coupables, il risqueront de recevoir une peine de prison de 10 ans.
L’ex-président a été arrêté et accusé en 2018 – il comparaîtra devant le tribunal le jeudi 26 novembre 2020 après une apparition brève lundi, apparemment reporté à cause des difficultés du coronavirus. Sarkozy a souvent été assailli d’accusations vis-à-vis du financement de ses campagnes électorales frauduleux – en 2007, il a dépensé 21 million d’euros pour battre Ségolène Royal et dans les années suivantes, les grosses contributions financières présumées sont devenues de notoriété publique. Des centaines de milliers d’euros de l’héritière de L’Oréal, Mme Liliane Bettencourt, ont fait sourciller, mais sans doute le cas le plus célèbre est l’accusation que Sarkozy a reçu 50 millions d’euros illégalement de Kadhafi pour financer sa campagne.
Le Lien Libyen
« La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen » a déclaré Saïf al-Islam Kadhafi pendant une interview avec Delphine Minoui en répétant l’affirmation que Sarkozy a reçu une donation illégale du Colonel Kadhafi. Donc était-il un agent d’influence de la Libye ?
Trois ans avant la campagne de bombardements d’Opération Harmattan qui a catalysé la mort de Kadhafi, Sarkozy l’avait invité au palais de l’Élysée où l’ex-président lui a vendu des avions de chasse de Dassault Rifle et a signé un accord pour une coopération nucléaire. Étrange d’être tant amical avec un dictateur brutal, non ?
Les preuves s’accumulaient. Les journaux de Shukri Ghanem (le ministre du pétrole) ont mentionné les paiements illégaux, mais il a été retrouvé mort dans le Danube avant la vérification. Ziad Takieddine, décrit comme un « marchand d’armes », a prétendu avoir remis trois valises remplies d’argent à Sarkozy personnellement. Claude Géant, le chef de cabinet de Sarkozy, a été arrêté officiellement en 2015 en raison de faciliter le transfert des fonds libyens et recevant 500,000 dollars – il a prétendu qu’il a reçu l’argent d’une vente de deux tableaux de van Eertvelt à un avocat malaisien, mais néanmoins il a été accusé.
En essayant de fuir, Alexandre Djohri a été arrêté à l’aéroport de Londres-Heathrow pour la vente un villa dans le sud de France qui vaut 4,4 millions d’euros à la société Libya-Africa Investment Portfolio pour 10 millions d’euros et l’utilisation de l’excès pour blanchir les fonds au Sarkozy. Malgré ses démentis, l’ingérence de Sarkozy et son équipe dans les enquêtes est au moins plutôt suspect.

Millions et Millions
Il semble que « scandale financier » est le deuxième prénom de Sarkozy. En plus de ce cas, il doit comparaître devant le tribunal l’an prochain à cause des allégations distinctes concernant le financement de sa campagne en 2012. Brièvement, l’affaire Bygmalion implique l’ex-président et son parti UMP (renommé « Les Républicains » en 2015) en demandant à une société de relations publiques de produire des « factures fausses » qui a permis au titulaire de l’époque de trop dépenser. Selon Patrick Maisonneuve, l’avocat de Bygmalion, la scandale a coûté presque 10 millions d’euros. Même le directeur adjoint de la campagne infructueuse contre François Hollande, Jérôme Lavrilleux a admis qu’il y avait des « anomalies ».

Le Verdict
Il ne s’agit pas ici de politique, mais d’éthique. Sarkozy a toujours été controversé – le dit « hyperprésident » a essayé de gérer les deux affaires intérieures et étrangères. Bien que ses commentaires dans La Courneuve en 2005 et de la dite « racaille » aient provoqué la critique, certaines politiques économiques et vertes ont été loués. Cependant, on doit considérer (si les allégations sont vraies) que ses actions sapent la démocratie française. Plus sérieusement, l’intervention en Libye en 2011 n’est plus justifiée nécessairement malgré les horreurs commis par la régime du Kadhafi, surtout après un rapport gouvernemental britannique était fortement critique et un conseiller d’Hillary Clinton (la secrétaire d’état américaine) a prétendu que la France a intervenu seulement pour augmenter sa part de l’huile libyenne.
En fin de compte, ce procès est un moment très important pour la démocratie globale – un ex-président comparaît devant le tribunal. Pourrait-il créer un précédent pour les autres dirigeants qui enfreignent les règles ? De plus, il attirera l’attention sur la situation actuelle en Libye et la crise humanitaire dont il faut remédier. Comme la plupart des choses, en comprenant le contexte du problème, on devient mieux équipé pour trouver une solution.
Omar Khan
Photo de couverture: Sarkozy et Kadhafi au palais d’Élysée en 2007 pour sa première visite en 35 ans [Christophe Ena/AP de The Times]
Sources:
https://fr.euronews.com/2011/03/16/entretien-avec-saif-al-islam-kadhafi