Le CyberTruck de Tesla VS les moqueries naïves
“It doesn’t look like anything else.”
Le Cybertruck de Tesla : premier pickup électrique de la firme automobile.
C’est ainsi qu’Elon Musk décrit son dernier bijou, le CyberTruck.
Le 21 novembre 2019, à Los Angeles, lors d’une présentation retransmise en direct dans le monde entier, le visionnaire dévoile le premier pickup électrique de sa firme automobile, Tesla.
Largement moqué depuis la révélation du design, Elon Musk explique s’être inspiré du futurisme dystopique du film Blade Runner, afin de donner un nouveau souffle à la silhouette des camionnettes d’aujourd’hui.
Design futuriste ou dystopique ?
Après une première vague de critique, le géant de Tesla fait face à un second coup dur ce 21 novembre, et cette fois-ci en direct. Franz von Holzhausen, le directeur du design de Tesla, est invité sur scène pour tester la résistance des vitres avec une balle en acier, devant une foule déjà ébahie par les chiffres présentés par Elon Musk.
Première tentative : la vitre se brise. Deuxième : le scénario se répète.
Choc dans la salle.
Échec certain pour Musk.
Oui. Non. Pas vraiment.
Imaginez une présentation attendue avec impatience par un nombre non négligeable de personnes, à travers le monde entier. Amateurs d’automobiles, passionnés de voitures électriques, d’innovation, ingénieurs ou simple curieux : que vous soyez intéressés par Tesla ou non, que vous pensiez à acheter le Cybertruck ou non, que vous aimiez son design ou non, vous l’avez ‘imprimé’ dans votre esprit : vous avez cette scène de vitre brisée devant vos yeux. Vous savez de quoi je parle, car, que vous le vouliez ou non,
vous avez retenu le Cybertruck.
Et les chiffres suivent : la camionnette d’Elon Musk a enregistré 200 000 précommandes en seulement 72 heures après sa présentation, un génie marketing de tous feux.
Si ce n’est pas une réussite, qu’est-ce ? Oui, mais c’est bien plus qu’une réussite marketing, que celle-ci ait été consciente ou inconsciente.
Elon Musk ne vend pas une simple camionnette, il vend du rêve.
Certains se souviendront de la scène d’ouverture de Blade Runner : une vue sur une ville inondée dans le noir et les flammes, et dans cette atmosphère chaotique, l’inscription en grand dans le cadrage :
LOS ANGELES, NOVEMBER 2019.
Scène d’ouverture du film Blade Runner
Est-ce une coïncidence ? Une stratégie marketing bien réfléchie ?
Peu importe : quoiqu’il en soit, la ‘coïncidence’ suffit à en exciter plus d’un.
Avant tout, Elon Musk vous donne un morceau d’avenir, la promesse d’un monde changeant et innovant.
L’avenir est bien là, et il attend d’être modelé.
On a besoin de créateurs assez courageux pour briser les codes, dans tous les domaines.
Que ce soit dans la technique utilisée, la technologie développée, le design ; dans la fonction, aussi bien que la forme, l’avenir appartient à ceux qui ouvrent leurs esprits pour voir ce que les autres voient aussi, et penser ce qu’ils n’auraient jamais pensé.
En ce sens, le design du nouveau modèle de Tesla est phénoménal. Brillant.
”It doesn’t look like anything else.”
Comme la présentation le souligne, depuis leur création, les automobiles en ont vu de toutes les couleurs. A l’exception d’un modèle : la camionnette, dont le design a à peine changé.
Avec ce modèle, ce n’est pas simplement ouvrir une nouvelle ère pour la camionnette que planifie Elon Musk. C’est montrer que la vraie innovation, c’est celle qui passe par tous les domaines, sans soucis d’utilité ou de critères : c’est penser le changement pour sa propre existence, sans rien penser d’autre. C’est imaginer le futur partout où l’on pose ses yeux.
Cette innovation constante est essentielle pour Elon Musk : dans un autre événement, par le passé, il avait expliqué que, pour lui, réduire le design est la meilleure chose à faire.
”Just delete it.”
Pour ce qui est du design du CyberTruck, Musk a atteint sa cible à la perfection : coins anguleux, allure en apparence grossière mais précisément dessinée. Son modèle a une clarté nouvelle qui choque et qui le rend difficile à s’approprier : une clarté au-delà de notre zone de confort.
La puissance de CyberTruck, c’est aussi son « squelette », ou « exo-squelette » : sa ‘coquille’ extérieure est faite avec une technologie et une inspiration que l’on retrouve généralement dans l’industrie aérospatiale. Elle est, par exemple, faite du même alliage d’acier inoxydable que celui utilisé dans Starship, le nouveau système de transport privé spatial de la compagnie sœur, SpaceX.
C’est une philosophie intéressante pour tous les aspects de nos vies que CyberTruck personnifie : celle qui nous dit que l’évolution et la créativité passent par l’échange et l’union de points de vue d’horizons différents, par la symbiose de domaines en apparence aussi distants que l’aérospatial et la camionnette.
Finalement, plus on y réfléchit et plus le CyberTruck semble pouvoir devenir, dans un futur très proche, et peut-être déjà, le modèle le plus iconique de Tesla, moins pour ses qualités techniques ou ses impressionnants 2.9 secondes de 0 à 100 km/h, mais plus pour le pont qu’il initie entre réalité et science-fiction.
Entre simplicité intrigante et provocation inspirante.
Entre présent et futur.
‘What is now proved was once only imagined.’ –William Blake
Sources
- https://onezero.medium.com/why-teslas-cybertruck-might-flop-58284683e781
- https://bleedingfool.com/blogs/blade-runner-the-original-version-is-still-the-best/
Plus d’information
- Lien vers la présentation du CyberTruck : https://youtu.be/rDQ3UnPA_E8
Par Dilay Ercelik