Les consequences de l’augmentation des taux d’intérêt par la Banque d’Angleterre

par Yasmine Hadjili

Courant Novembre, la Banque d’Angleterre a décidé d’augmenter ses taux d’intérêts, pour la première fois depuis plus de dix ans.

La Banque Centrale a en effet annoncé une hausse du taux directeur de 0.25%, un taux étonnamment bas, à 0.50%. L’augmentation est une première depuis Juillet 2007, au prélude de la crise financière internationale. Elle ne représente cependant pas une surprise mais intervient en réponse à l’augmentation du taux d’inflation engendré par la dépréciation de la livre qui a suivi le Brexit. Ce resserrement de la politique monétaire vise à ramener le taux d’intérêt à l’objectif.

Bien que le taux de chômage soit à un taux plus bas qu’il ne l’ait été depuis les années 70 (4,3%), l’économie anglaise connait un ralentissement considérable. La productivité et la croissance ralentissent, conduisant l’économie anglaise à être maintenant la plus lente au sein de l’Europe des Sept, tandis que l’incertitude autour du Brexit et des futures relations Euro-britanniques conduit les entreprises et ménages à être plus prudents et à réduire leurs consommations et investissements. Dans le même temps, la livre sterling a fortement baissé face au dollar et à l’euro. Cette dépréciation, conséquence directe de l’incertitude qui accompagne le vote, a conduit à une hausse du taux d’inflation qui atteint les 3%, et non l’objectif de 2% de la banque centrale. Si ce taux augmente, comme prédit par de nombreux économistes, le gouverneur de la banque centrale sera dans l’obligation de fournir au chef du Trésor, Philip Hammond, une explication de cette irrégularité.

C’est là qu’intervient la hausse du taux d’inflation. De nouvelles études prédisent que l’inflation baissera à 2.1% dans les trois ans à venir et se stabilisera si on maintient une hausse du taux d’intérêt. Alors que le taux avait été abaissé durant l’été 2016 pour amortir le choc économique qui suivrait le Brexit, ce relèvement, voté à 7 voix contre 2 par les membres du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, apparait comme la première étape de ce qui semble être une série de hausses à venir. L’objectif serait ainsi d’atteindre un taux d’1% courant 2018.

UK Interet Rate:     History and Forecast

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Qu’est-ce que cela signifie pour les ménages anglais ?

Plus concrètement, cela affecterait principalement les ménages possédant des « tracker mortgages », des hypothèques à taux d’intérêts variables, qui verraient leur endettement augmenter. En effet, la hausse des taux d’intérêt signifie une hausse de leur remboursementmensuel de prêt logement.

L’impact sur les ménages anglais reste cependant modeste. Bien que cela entraîne des ajustements des prêts immobiliers, il est important de noter que la plupart des prêts effectués sont soumis à un régime de taux d’intérêt fixes. Par ailleurs, la hausse n’est pas assez considérable pour que le coût des emprunts, considéré bas par rapport aux coûts habituels, devienne soudain élevé. Cela peut cependant pousser les ménages à réduire leurs consommations, ce qui pourrait d’autant plus ralentir l’économie.

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C’est principalement la valeur symbolique de cette hausse qui importe. Un jeune anglais aujourd’hui n’a connu jusque-là que des baisses des taux d’intérêt. Comme le précise Lucy O’Carroll, économiste à Aberdeen Standard Investments, c’est un « rappel important que les taux d’intérêt peuvent augmenter, même doucement ».

L’augmentation sera au contraire bénéfique aux épargnants, qui ont les premiers soufferts des baisses récentes des taux d’intérêt.

Cette augmentation, bien que significative, n’est tout de même pas à considérer comme une fin en soi. Non seulement est-ce la première étape d’une série de mesures visant à calmer les incertitudes et dysfonctionnements engendrés par le Brexit, mais c’est surtout soumis à la même instabilité que le reste de l’économie. Preuve en est que l’annonce faîte le matin du 2 novembre, anticipée depuis septembre par les marchés financiers, a immédiatement provoqué l’effet contraire, et conduit à une chute de la livre, qui avait apprécié en prévision de la politique monétaire.

Les deux membres du comité à ne pas avoir voté la hausse, Jon Cunliffe et Dave Ramsden, notent par ailleurs l’insuffisance de preuves que la mesure monétaire va effectivement améliorer les facteurs domestiques comme les salaires ou la croissance.

Photo de Couverture: @Telegraph

 

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/11/02/20002-20171102ARTFIG00212-la-banque-d-angleterre-releve-ses-taux-d-interet.php

http://www.liberation.fr/planete/2017/11/02/la-banque-d-angleterre-releve-ses-taux-d-interet-pour-la-premiere-fois-depuis-dix-ans_1607437

https://www.usatoday.com/story/money/2017/11/02/uk-central-bank-raises-rates/824520001/

http://www.independent.co.uk/news/business/news/uk-interest-rates-hike-how-mortgage-savings-loans-how-change-effect-household-personal-finance-a8033716.html

http://www.independent.co.uk/news/business/analysis-and-features/uk-interest-rates-increase-british-families-companies-mortgage-payments-savings-interest-a7946566.html

https://tradingeconomics.com/united-kingdom/interest-rate/forecast