Par Charlotte Gross
Ce samedi 3 février, des dizaines de milliers de travailleurs du NHS, d’activistes, de figures politiques, d’acteurs, et de citoyens en colère sont sortis manifester de Gower Street à Downing Street, sous la pluie. Tous ensembles, ils ont protesté contre les coupures de fonds infligés au NHS, le National Health Service (l’équivalent de notre Sécurité Sociale) par le gouvernement de Theresa May. Organisée par la People’s Assembly et Health Campaigns Together, la manifestation avait pour but de souligner l’absurdité de la situation : c’est l’hiver le plus froid depuis longtemps en Grande-Bretagne, les hôpitaux sont remplis à 95.1%, c’est-à-dire à capacité maximale – les patients sont de plus en plus nombreux, mais 40.000 postes d’infirmiers, à échelle nationale, restent vacants. En effet, le gouvernement conservateur a décidé d’imposer des mesures d’austérité, au point d’annuler, ce janvier, 50.000 opérations à venir. L’idée à la base du plan de Theresa May était de “libérer plus de lits”, mais le résultat n’a pas été atteint, loin de là. Pire encore, à bout de privatisations, il est estimé que près de £1,3 milliards auraient été perdus pour la NHS. Le Department of Health and Social Care a cependant déclaré que le gouvernement a accordé £473 millions de fonds en plus, et devrait verser, au cours des deux années à venir, £2,8 milliards extras au NHS.
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Don’t let Tory vultures destroy OUR NHS” (@Stepen8McK)
Mais le manque de fonds se fait particulièrement sentir ce février, et les manifestants ont appelé le gouvernement à revoir ses priorités, clamant que “saving lives costs money, saving money costs lives”. Certains des participants ont partagé leurs expériences avec le NHS, un système qui a sauvé la vie de certains, et qui menace de s’écrouler entre les mains des dirigeants actuels. Quelques marcheurs ont témoigné de leur foi dans le système, mais aussi des déceptions causées par celui-ci. La crise est alarmante pour les patients et bénéficiaires du système, ainsi que pour les employés, placés sous une pression insoutenable ces derniers temps à cause de ce déficit budgétaire et humain. Les infirmiers doivent prendre en charge plus de patients qu’ils ne le pourraient en temps normal, ce qui finit par se ressentir sur le long terme et sur la qualité des services reçus. “Fix it now”, insistent les manifestants ce samedi, qui marquait le 70ème anniversaire du NHS – les festivités ont été bien sinistres, cette année.
Derrière leur colère, les marcheurs gardent cependant un peu d’espoir, en un système qui les avait soutenus sans de telles failles jusque-là. La manifestation du 3 février a surtout été un appel à augmenter les fonds, à recruter plus d’employés pour faire face aux conditions rudes imposées par l’hiver, et à réformer le système en fond pour être plus en mesure de répondre aux besoins des patients. Et, le principal: revoir les politiques d’austérités, et renoncer aux privatisations.
(c) Photo de couverture: Guy Smallman