Par Estelle Amram
Le plus grand pouvoir de l’Homme, c’est son intelligence. Le plus grand pouvoir de l’intelligence c’est sa capacité à se développer à l’infini. On parle souvent chez l’Homme des différents types d’intelligence : spatiale, mathématique, linguistique, musicale. Mais récemment, le mot qui résonne de plus en plus à nos oreilles c’est l’intelligence artificielle, IA.
Cette intelligence, qui tend à reproduire les comportements cognitifs humains par sa capacité d’apprentissage et d’adaptation, semble être le nouvel enjeu majeur du développement de la productivité dans l’économie. Apparue dans les années 60, l’IA suscite depuis 5 ans un intérêt particulier. L’amélioration continue des algorithmes comme par exemple avec le deep-learning, l’émergence de nouvelles techniques de traitement de données, l’augmentation des capacités de stockage sont autant de facteurs qui font de l’IA un outil unique incroyablement puissant.
Mais, ce qui rend l’intelligence artificielle aussi attrayante, c’est aussi son prix. L’utilisation de l’IA est gratuite, puisqu’elle utilise le carburant le moins cher du monde : les données. Cet aspect a de grandes conséquences sur l’emploi. En effet, de par ses faibles coûts d’utilisation, ses potentiels substituts, principalement le travail peu qualifié, disparaîtront ou seront peu à peu dévalorisés. Ses compléments, quant à eux, à savoir le travail qualifié, auront plus de valeur car sont plus difficilement reproductibles par de simples lignes de codes.[1] Considérée par beaucoup comme la nouvelle révolution scientifique, son développement semble être capable de transformer les techniques de travail et de production des biens, comme des services.
Des chiffres : IA au cœur des investissements
Il est clair que le monde entrepreneurial considère que l’IA fait partie intégrante de l’avenir de l’économie. Cette tendance est fortement visible à travers l’importance des investissements et la multiplication du nombre de startups centrées sur cette technologie. La plateforme CBInsights a recensé en 2016 plus de 1600 startups spécialisées dans l’IA. Entre 2013 et 2016, les investissements dans ces startups ont été décuplés, passant de 415 millions à 5 milliards de dollars. [2] Cet intérêt est également mesurable à travers le comportement des grandes entreprises : en effet, en 2016, les investissements dans l’IA par les géants de la technologie atteindraient entre 20 et 30 milliards de dollars. [3] Ces investissements concernent aussi bien une hausse des budgets dans la Recherche et le Développement que l’acquisition par ces grands groupes de jeunes entreprises innovantes.
Les prévisions qui louent les mérites de l’intelligence artificielle sont nombreuses et grandissantes. Elles permettent de donner à l’IA une place particulière comme solution pour booster la croissance. En effet, les récents comptes rendus révèlent une vérité alarmante quant au mode de fonctionnement de l’économie aujourd’hui : il semblerait que nous assistions actuellement au déclin des outils de production ‘habituels’, à savoir l’investissement en capital et la main d’œuvre, qui ne sont plus apte à stimuler la croissance. L’intelligence artificielle apparaît ainsi comme un nouveau facteur de production capable de réorganiser les taches des travailleurs et exploiter un nouveau domaine du possible. L’agence Accenture estime par exemple que l’IA pourrait doubler les taux de croissance économique d’ici 2035 en s’attaquant aux fondements même des techniques de production.
Les limites et les doutes
Pour l’instant, les applications de l’IA restent proportionnellement faibles et sont en majorité dans des phases expérimentales. Les analystes restent divisés quant à son potentiel : certains sont convaincus de sa puissance tandis que d’autres émettent des réserves vis-à-vis des vrais bénéfices économiques que la technologie peut apporter. Les prévisions du marché traduisent d’ailleurs ces incertitudes, avec un large éventail de pronostics sur les budgets, allant de 644 millions à 126 milliards de dollars d’ici 2025.[4]
La présence de l’intelligence artificielle est aujourd’hui assez inégale. Les premiers adeptes de l’IA sont en majorité les grandes entreprises capables de déployer des moyens importants pour une intégration efficace à leur modèle de production. Leurs marges sont d’ailleurs significativement plus élevées, créant un fossé avec ceux qui tardent à entamer leur processus de modernisation digitale. Cela implique un nouvel enjeu majeur pour les gouvernements qui se doivent de soutenir aussi bien les entreprises que les citoyens pour assurer que tous puissent bénéficier de l’intégration de l’IA dans l’économie. Cela doit inclure la préparation des employés à s’adapter aux changements dans la manière de travailler mais aussi une facilitation des investissements et de l’adoption des technologies fondées sur l’intelligence artificielle.
Sources :
La Conversation scientifique par Etienne Klein ‘L’intelligence peut-elle devenir artificielle ?’ France Culture
https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/intelligence-artificielle_1550708.html
https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2017/Rapport_synthese_France_IA_.pdf
https://www.contrepoints.org/2017/01/31/279562-intelligence-artificielle-travail-dans-le-futur
[1] https://www.contrepoints.org/2017/01/31/279562-intelligence-artificielle-travail-dans-le-futur
[2] CB Insights, Janvier 2017
[3] McKinsey Global Institute, 2017
[4] Tractica; Transparency Market Research.
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