Revue de la session parlementaire : Questions au Premier Ministre

Comme il nous est coutume de le faire chaque semaine, nous avons receuilli l’essentiel des questions traitées lors de la session parlementaire hebdomadaire de la Chambre des communes durant laquelle les députés ont interpellé l’actuel Premier Ministre, Madame Theresa May. 

Au lendemain du discours sur les conditions du Brexit et à la veille de la première rencontre entre Theresa May et le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, les questions posées lors des hebdomadaires questions au Premier Ministre ont tourné autour de ces principaux sujets. A cela ont été ajoutée certaines questions sur des sujets plus précis comme le droit d’asile ou l’accès au capital pour les entrepreneurs.

Le Brexit : 

  •   White Paper :

La première question posée à ce sujet a concerné le moyen de garantir au parlement un suivi vis-à-vis des négociations de la sortie de l’Union. Pour cela, le MP posant la question a demandé au Premier Ministre si un « White Paper » (comprenez un mémo du gouvernement) serait publié pour éclairer les parlementaires et le public sur les objectifs du gouvernement dans les négociations. May a répondu qu’elle et son cabinet travaillaient à la rédaction d’un tel document et qu’il serait publié dans les semaines qui suivent. A cela, le chef de l’opposition Jeremy Corbyn n’a pas manqué de demander plus d’informations sur la date de la publication de ce document, notamment s’il serait disponible avant le vote du parlement sur le déclanchement de l’article 50 du traité de Lisbonne (vote imposé par la cours suprême la semaine dernière).  May a répondu qu’elle s’en tenait à son propos et que depuis le début Corbyn et ses amis travaillistes se concentraient plus sur les aspects procéduriers que sur les objectifs de la sortie du Royaume-Uni, les attaquant donc sur leur manque de vision (reprenant une de ses expressions favorites : «Global Britain »).

  • Accès au marché commun :

Corbyn a ensuite interrogé May sur le futur de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, lui demandant notamment si elle serait prête à payer un droit d’accès au marché commun pour pouvoir le garantir aux entreprises britanniques. Le Premier Ministre a répondu que l’accès au marché commun était bien entendu un de ses souhaits mais qu’elle ne signerait qu’un accord profitant à la Grande Bretagne. C’est-à-dire qu’elle ne serait pas prête à signer un « mauvais deal » garantissant l’accès au marché.

  • Droit du travail :

Avec une sortie de l’Union, la loi du Royaume-Uni concernant les droits salariaux se trouvera avec un certain vide juridique, jusque-là étant du ressort de lois de l’Union Européenne. Jeremy Corbyn a donc demandé au Premier Ministre si elle comptait mettre à jour les lois britanniques afin que le droit des employés reste le même. May a d’abord répondu en citant une des grandes figures du parti travailliste (et pas forcément grand soutien de Corbyn), Sadiq Khan, maire de Londres, qui disait récemment qu’il « ne voyait pas le gouvernement affaiblir le droit du travail et qu’il ne pensait pas que c’était l’objectif du gouvernement ». Elle a ensuite assuré que les lois britanniques resteraient en accordance avec le marché moderne du travail et que ce qui serait réellement menaçant pour les travailleurs seraient les 500 milliards de livres que les travaillistes devraient emprunter pour financer leurs propositions, affaiblissant l’économie et donc menaçant le financement de la sécurité sociale.

  • Le droit des citoyens européens :

L’opposition a encore une fois interrogé le premier ministre sur le sort des ressortissants européens vivant au Royaume-Uni et lui a demandé si elle était prête à garantir leur droit à vivre, étudier et travailler en Grande Bretagne. A cela, May a répondu que rien ne lui ferait plus plaisir que de pouvoir garantir ces droits mais qu’elle était d’abord concernée par les droits des citoyens britanniques vivant dans l’Union Européenne et qu’elle ne pouvait donner ce genre de garantie sans être assurée des mêmes droits en retour. Elle dit donc attendre les négociations pour arriver à un résultat sur la question.

Visite aux Etats-Unis :

  • Dénoncer D. Trump :

En félicitant au passage les 100 000 participants de la Women’s March à Londres, Corbyn a demandé au premier ministre si elle serait prête à tenir tête à Trump ou si elle allait « vendre le National Health Service » aux américains alors que 6 millions de personnes vivent aujourd’hui en dessous du « living wage » (salaire minimum).  A cela, May a répondu que c’était ce gouvernement qui avait introduit le living wage, qu’elle était heureuse de voir Trump si tôt dans son mandat, prouvant la « special relationship » (relation spéciale) qu’ont les deux pays et que c’était grâce à cette relation qu’elle se sentirait libre de parler franchement au nouveau président.

  • Traité commercial avec les Etats-Unis :

Le leader du SNP (parti nationaliste écossais) a questionné le Premier Ministre sur ses objectifs concernant un accord commercial avec les Etats-Unis, lui demandant notamment si elle allait abaisser les standards alimentaires pour ce qui est de l’importation d’OGM ou de bœufs aux hormones. Theresa May a assuré que son objectif principal serait de garantir que les intérêts du Royaume-Uni soient protégés, d’augmenter la quantité de biens échangés entre les deux nations tout en garantissant une économie fonctionnant pour tous.

  • La torture :

Alors que Trump ensemble faire l’éloge de la torture, pourtant illégale aux Etats-Unis, un MP a demandé au Premier Ministre si elle enverrait un message clair à Donald Trump sur les positions du gouvernement sur la torture. May a répondu que son gouvernement était bien évidemment opposé à toutes formes de tortures et qu’elle n’aurait pas peur de le faire savoir au nouveau président.

  • Le droit d’asile :

Une question a également été posée sur les procédures accélérées de demande d’asile qui concerne plusieurs milliers de personnes chaque année et qui peuvent, par erreur, renvoyer une personne dans son pays d’origine où elle pourrait être menacée de mort ou de peines exagérées. A cela, May a répondu que lorsqu’elle était ministre de l’intérieur elle s’était déjà penchée sur la question, augmentant les exigences quant au possible renvoi. Elle a cependant ajouté que le Royaume-Uni a besoin d’un moyen de renvoyer rapidement ceux dont la demande d’asile n’est clairement pas justifiée

  • L’accès au capital :

On a également demandé au Premier Ministre ce qu’elle comptait faire pour faciliter l’accès aux investissement pour les entrepreneurs. A cela, May a répondu qu’elle souhaite faciliter cet accès et qu’elle avait déjà prévu d’injecter près de 400 millions de livres dans la British Business Bank afin de permettre un accès accru au capital pour les entrepreneurs.