La crise bancaire européenne : Une explication

Par Claudia Seeger 

Récemment, les difficultés du secteur bancaire européen poussent certains économistes à croire que nous pourrions connaître une deuxième crise bancaire. En effet, le Fonds Monétaire International (FMI) affirme que ce secteur constitue une menace pour la stabilité du continent, si ce n’est pour la sphère financière entière. Alors, doit-on s’inquiéter ? Le secteur bancaire se retrouve face à de réels défis, notamment la Deutsche Bank et Monte dei Paschi. L’analyse de ces difficultés peut permet de mettre en lumière la sévérité de la situation actuelle.

Que se passe-t-il ? 

Premièrement, les banques européennes ont 1,2 trillion en prêts non productifs (c’est-à-dire, un prêt dont le bénéficiaire n’a pas remboursé une échancre prévue dans les 90 jours. Ce phénomène de prêt en défaut, ou presque en défaut, pose problème car les chances de recouvrer la somme totale est maigre). Selon KPMG, il est presque impossible pour ces banques d’annuler ces prêts dans les prochaines décennies. Autrement dit, les grandes banques perdent la rentabilité en raison de ces prêts non productifs.

De même, l’Europe connaît une période de croissance économique lente. Pour cette raison, la marge nette d’intérêt (NIM) est seulement de 1,2% alors que celui du secteur américain est de 3%. Les banques rencontrent donc des difficultés à réaliser des profits et leur rentabilité diminue. De plus, la prudence post-récession et la lenteur de l’économie rendent compliqué vente de actifs toxiques, comme des titres adossés à des créances.

Ainsi, la difficulté à réaliser des profits, la nécessité pour les banques de gagner de l’argent de manière plus soigneuse suite à la récession de 2008 et la réticence des gouvernements à les renflouer, sont les facteurs déterminants de la crise en développement.

Quelles banques sont en difficulté et pourquoi ?

Deutsche Bank et Monte dei Paschi sont les banques les plus volatiles du secteur, la raison pour laquelle les analystes financiers se concentrent particulièrement sur elles afin de prévoir et revenir une nouvelle crise.

  • Deutsche Bank

La Deutsche Bank a été cette année classée « banque la plus dangereuse du monde » par le FMI. Elle est pourtant également « la plus influente stratégiquement », de par les liens qui relient ses groupes d’investissement et groupes bancaires au système financier entier. Elle a, d’autant plus, de nombreuses équivalentes américaine et reste la banque la plus importante de la zone euro.

Toutefois, Deutsche Bank a échoué aux tests de résistance « les stress tests » imposés par la Réserve fédérale – une analyse qui détermine si une banque a un capital suffisant pour résister à l’effet des évolutions défavorables – pour la deuxième fois de suite. De même, Deutsche Bank a 1,6€ trillion des prêts et si un minuscule pourcentage de ces prêts n’est pas remboursé, son capital de 60€ billion peut être éradiqué. En octobre, le Ministère de la Justice américain l’a sanctionnée à hauteur de 14 milliards de dollars pour le rôle qu’elle a joué dans la crise de 2008. Cela a créé une onde choc sur les marchés financiers et causé une chute des valeurs bancaires.

Certains experts estiment cette somme égale à la totalité des actifs de la Deutsche Bank, et croient donc en sa faillite prochaine. Les répercussions d’un tel événement seraient plus désastreuses que la chute de Lehman brothers il y a 8 ans.

  • Monte dei Paschi

Cette banque, dont les actions sont tombées de presque 75% cette année, est considérée comme la plus dangereuse d’Europe. Elle a réalisé 11 trimestres de pertes menant au premier trimestre 2015, soit un total de plus de 10 milliards d’euros. Bien qu’elle ait renoué avec les bénéfices pendant quelque temps, a perdu 1,15 milliards d’euros au troisième trimestre 2016. Même si le gouvernement italien considère un sauvetage financier, cette solution reste peu probable car en possible violation des règles de l’Union Européenne. L’Italie est la troisième puissance économique européenne, mais sa dette est également l’une des plus grande de la région et ses banques regroupent 360 milliards d’euros de prêts non productifs.

Que faire ?

Il y a quelques mesures que les banques peuvent prendre pour réduire le risque d’une crise financière :

  • Couper des prêts non productifs afin de réduire des pertes
  • Vendre les parts d’autre entreprises que les banques détiennent, comme la Deutsche Bank le fait par exemple avec Hua Xia Bank.
  • Evaluer l’exposition des banques aux risques de crise. Ainsi, la Banque D’Angleterre a demandé une évaluation du risque de contamination des problèmes de la Deutsch Bank et Monte dei Paschi aux banques anglaises.
  • Vendre des actions (expansion du capital), jusqu’à un montant (comme dans le cas de monte dei Pasci).

Un sauvetage financier (une mesure peu probable)

Pour conclure, l’un des plus grands périls pour le secteur bancaire de l’UE est le possible l’effondrement d’une banque. Cela déclencherait une période d’incertitude et la possibilité d’un effet boule de neige. La plupart des banques européennes souffrent et le risque d’une crise du secteur entier est réel. Cependant, cette crise bancaire n’est pas une cause perdue bien que sa résolution nécessitera plusieurs années et de grands moyens.

  • Source de la photo de couverture : zerohedge.com