Prince Charles Cinema : entre ninjas pro-cinéma indépendant, fantômes et Quentin Tarantino

Par Oana Tenter 

Oana Tenter continue son exploration des cinémas atypiques de Londres ; découvrez avec elle le Prince Charles Cinema, à Leicester Square !

Une fois qu’on se retrouve à Leicester Square, il y a peu de chance d’échapper aux vagues de tumulte touristique. Pourtant, en plein West End, on tombe sur « le cœur du cinéma indépendant » à Londres, le Prince Charles Cinema.

Une histoire pas comme les autres

Construit en 1961, ce cinéma a une histoire atypique : si au début il fonctionnait comme théâtre, son emplacement engendra finement un tournant dans sa direction artistique et il se métamorphosa en… cinéma porno ! Aujourd’hui, après des rénovations majeures, le cinéma se divise en deux salles gigantesques (l’une de 285 places et l’autre de 104), et est fier d’être le seul cinéma d’art non subventionné à Londres, ne recevant de financement d’aucune organisation. Prince Charles Cinema répond aux besoins de tous en projetant aussi bien les films les plus récents que des sélections moins conventionnelles: des “singalongs” de Rocky Horror Pictures Show aux marathons de 80h de la série Lost, en passant par des événements pour accroitre la sensibilisation collective vis-à-vis de sujets humanitaires et environnementaux (notamment un festival-rétrospectif autour de la figure de Robin Williams sur le sujet de la santé mentale, en collaboration avec l’association Mind) ainsi que des rétrospectives (parfois projetés en 16 mm ou 35 mm) des plus grands cinéastes comme Stanley Kubrick, David Lynch et Paul Thomas Anderson.

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Un cinéma indépendant..

Fonctionnant de manière indépendante, le Prince Charles Cinema a maintenu des prix accessibles (de 5 à 11.50£) et continue d’attirer une clientèle fidèle, “the PCC community”. Si fidèles qu’en 2012, des volontaires se sont déguisés en ninjas pendant les projections des films pour “discipliner” les clients trop bavards et pour gérer de manière comique tout autre comportement agaçant au cinéma. (http://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-19622445)

.. adulé par Quentin Tarentino 

 Un autre fan de ce cinéma est Quentin Tarantino lui-même, qui voit le Prince Charles Cinema comme la Mecque de  «tout ce qu’un cinéma indépendant devrait être », «la bijouterie de la Reine ». On le voit ici tout excité à l’idée de voir Reservoir Dogs projeté en ce lieu qu’il considère comme « idéal » pour son film :

Le cinéma a montré sa reconnaissance envers Tarantino en donnant son nom au bar. Comme le cinéaste américain Kevin Smith s’est senti négligé qu’« on n’ait même pas donné mon nom à des toilettes », le cinéma lui a dédié l’une de ses toilettes, qui peut être admiré aujourd’hui dans les « ladies toilets ».

Prince Charles Cinema est certainement un lieu spécial, non seulement pour sa singularité au cœur du West End, mais aussi pour les légendes de fantômes qui l’habiteraient, ou encore pour ses enseignes toujours originales.

Pcccanopies

En ce qui me concerne, je m’apprête à y aller voir True Romance en 35 mm, survoler la rétrospective de Scorsese, et m’enfoncer dans les sièges rouges et moelleux du PCC pour rereregarder Breakfast at Tiffany’s en fuyant la Saint Valentin – je vous invite à vous y perdre aussi !