Primaires démocrates : Bernie Sanders, le marginal

Par Charles Stevenson

“Une nation où un si petit nombre possède autant alors que qu’autant possèdent si peu ne peut survivre ni moralement ni économiquement.” Un slogan inspiré de Churchill qui résume bien la position du sénateur.

Éditorial : 10 raisons pour lesquels Bernie Sanders représente un candidat différent

 A neuf mois de la présidentielle, un vent de révolution souffle sur les Etats-Unis en provenance de la petite ville de Burlington, dans le Nord-Est. Dans cet énorme pays très diversifié, qui se suffit pourtant de deux partis politiques, un homme est en train de remettre radicalement en question la répartition du pouvoir qui y prévaut depuis des décennies. A 74 ans, Bernie Sanders n’est peut-être pas le plus jeune des poulains en course pour la Maison-Blanche, mais beaucoup de ses idées constituent une bouffée d’air frais pour des électeurs frustrés par l’absence d’une aille gauche véritable dans leur patrie. Voici dix éléments qui distinguent le sénateur du Vermont de ses adversaires:

 1. Il est socialiste:

 Aucun des deux partis qui composent le Congrès états-unien aujourd’hui ne peut se prétendre de gauche. Les Démocrates sont élus par les citoyens plus libéraux mais “l’âne”, comme il est représenté dans la presse, défend précisément des positions similaires à ceux de partis tels que les Libéraux-démocrates au Royaume-Uni ou le MoDem en France. Sanders, lui, est le Jeremy Corbin d’outre-atlantique. Il prêche un socialisme démocratique inspiré des systèmes prévalant en Scandinavie alors que ses adversaires les plus proches idéologiquement émettent tout au plus l’idée d’augmenter le taux d’imposition des milliardaires.

2.  ll rejette le bipartisme : 

 Bernie n’est pas le seul à critiquer le manque d’alternatives réelles lors de toute élection aux Etats-Unis. Toutefois, il est allé plus loin que n’importe quel autre candidat à la Maison-Blanche en se faisant élire sénateur du Vermont en tant qu’Indépendant, un cas qui relève encore de l’exception.

3. Il refuse le financement des grandes banques :

 Quatre des cinq principaux bailleurs de fonds d’Hillary sont les plus grandes banques d’investissement du pays. Sanders, lui, refuse ce type de financement sous prétexte que ce dernier est à l’origine du manque de démocratie dans la politique états-unienne. (Reste à voir si ceux-ci se bousculeraient vraiment pour que le sénateur prenne leur argent alors qu’il semble rêver de les voir disparaître de la planète…) Au contraire, 80% de son financement provient de donations inférieures à $200. Du jamais-vu!

4. Il reconnait la Palestine :

 Contrairement à Obama, Sanders est très clair à propos de la Palestine, une question particulièrement épineuse aux Etats-Unis. En effet, le lobby juif, fortuné et puissant, exerce une grande influence sur le résultat de chaque élection. C’est la raison pour laquelle aucun président n’a encore osé défier Israël en réclamant la poursuite d’un accord de paix basé sur la reconnaissance des territoires palestiniens comme Etat souverain à part entière. Peut-être devrions-nous nous référer au point précédent pour déceler la cause de son apparente indifférence face à la colère des Sionistes…

5. Il veut légaliser la marijuana :

 Plusieurs Etats américains ont désormais rendu légal la consommation de canabis et de ses dérivés. Taxé à un taux similaire à celui de l’alcool, ces derniers contribuent même largement à remplir les caisses publiques. Issu de la génération “Peace & Love” des années ’60, Sanders ne voit pas d’inconvénient à étendre la pratique à l’ensemble du pays.

6. Pour lui, l’intervention militaire est la dernière des issues :

 La question de comment réagir à des menaces telles que Daech ont occupé une large portion des débats télévisés qui ont précédé les premières primaires républicaines et démocrates. Les idées ne manquaient pas. Ted Cruz, le vainqueur du caucus républicain d’Iowa, a par exemple déclaré vouloir tapisser de bombes le territoire occupé par l’EI jusqu’à déterminer si le sable pouvait briller dans la nuit. Même Clinton, pourtant forte de quatre ans d’expérience diplomatique en tant que secrétaire d’Etat (équivalent au ministère des affaires étrangères en Europe), ne parait pas capable d’envisager une issue qui exclu l’utilisation la machine de guerre américaine. En octobre 2002, alors qu’elle était sénatrice de l’Etat du New York, elle avait par ailleurs approuvé le projet d’intervention militaire en Iraq.

7. Il veut rendre l’éducation supérieure gratuite :

 Des universités véritablement ouvertes à tous plutôt que des Bacheliers tout juste arrivés sur le marché du travail et déjà croulant sous les dettes? Sanders semble y croire.

8. Il souhaite mettre en place une caisse d’assurance maladie publique :

 The texte qu’Obama a finalement réussi à faire approuver par le Congrès est bien loin de son projet initial qui était de garantir à chacun une assurance maladie. Son application reste un exploit en vue de la résistance forcenée déployée par les élus  républicains. Sanders espère néanmoins aller plus loin, afin, à terme, de déboucher sur un système similaire à la NHS britannique

9. Il considère le réchauffement climatique comme la menace première à la sécurité nationale :

Bernie-ClimateChange

 Là où les Républicains parlent de terrorisme, de migrants, voire de musulmans, Bernie veut à tout prix libérer l’économie américaine de sa dépendance aux carburants fossiles.

10. Il veut que Wall Street fonde son programme:

  Beaucoup prennent un air des plus sceptiques en évoquant le financement du programme ambitieux que présente Bernie. Sur le site de sa campagne, celui-ci expose pourtant point par point comment il espère tenir de bons comptes s’il arrive à la tête du pays. En ligne de mire: les milliardaires et la spéculation sur Wall Street.