Par Fayssal Sadi-cherif
J’aborde le sujet avec appréhension – parcours sites et blogs la tête remplie de mauvaises images ; prêt à sortir un article effrayant. Cependant je me rends compte, rassuré, que mon pessimisme anticipé n’avait pas lieu d’être. Ils le disent, la recherche contre les cancers s’accélère !
Un cancer c’est quoi ?
Il s’agit d’une prolifération incontrôlée de cellules échappant aux mécanismes de régulations de notre organisme, qui maintiennent, en temps normal, une activité harmonieuse. La conséquence : une multiplication anarchique de ces cellules qui, pour la plupart, donnent naissance à des tumeurs grossissantes, envahissant puis détruisant les organes avoisinants. Les métastases sont l’évolution néfaste que prennent ces tumeurs: migration endocrine de cellules tumorales, vers d’autres zones du corps. Cela déclenche la formation d’une nouvelle/plusieurs tumeurs. Un réel danger pour la survie de l’organisme.
Ces événements débutent par une agression causée à la cellule; qui donne lieu à une mutation d’un gène. Un cancer peut être dû à une mutation simple (translocation…) mais aussi à des modifications de protéines de régulation de l’expression du génome (épigénétique). L’altération peut être violente et spontanée mais souvent résulte de l’exposition prolongée de la cellule à un agent carcinogène.
Ce schéma est à la base de tous les cancers. Le processus de tuméfaction s’étend sur plusieurs années jusqu’à l’apparition d’un amas de cellules qui ne ressemblent plus à celles avoisinantes: leur morphologie est à l’image de leur suractivité. Les voies cellulaires sont surexploitées, les noyaux très volumineux.
Lorsqu’elle compte plus de 100.000 cellules, la tumeur devient maligne: développement d’extensions aux zones voisines et hypervascularisation. Cette migration empiète et détruit les tissus sains avoisinants. Car un cancer est aussi conquérant qu’il est dépendent. Seul, un cancer meurt. C’est un véritable “parasite” qui surgit de l’intérieur. Pour grandir et proliférer, il a besoin de facteurs exogènes qu’il tire de son environnement de soutien. Les leucémies, cancers du sang, ne donnent pas de tumeur car les cellules sont mobiles dans le sang.
L’importance de la recherche et de la collaboration interdisciplinaire dans la lutte contre le cancer.
La recherche c’est avant tout récolter le plus de connaissances pour comprendre, réduire la mortalité, reculer la fréquence et la gravité de la maladie. Et bien sûr, améliorer la qualité de vie des patients avec des traitements plus efficaces, moins agressifs.
“La recherche contre le cancer porte sur plusieurs axes: elle vise à mieux comprendre les mécanismes de la maladie, à la prévenir si c’est possible, à la dépister au plus tôt et à mieux la soigner.”
“Aujourd’hui, l’accent est mis sur les interactions entre la recherche fondamentale menée en laboratoire, la recherche clinique, au lit du patient, et la recherche en santé des populations, qui intègre des problématiques humaines, sociales et épidémiologiques. L’objectif est d’accélérer le développement des traitements et des moyens de prévention et de diagnostic du cancer”
Environ 360.000 nouveaux cas de cancers se déclarent chaque année en France. Aujourd’hui, plus d’un cancer sur deux est guéri; en grande partie grâce à la ténacité des chercheurs et médecins qui s’allient pour proposer une médecine personnalisée et efficace. Certes, le progrès est toujours trop lent face à la mort, mais l’amélioration de la technologie et la coordination de l’action permettent un développement plus efficace et plus rapide de nouvelles thérapies. La médecine avance à grand pas, il y a encore quarante ans on mourait sans savoir de quoi. “On avait attrapé la maladie”.
La recherche moderne en cancérologie se pose la question: “Quels gènes sont mis en cause dans le développement de ce cancer?” Car différentes mutations donnent lieu à différents types de cancers; dont les propriétés définissent son comportement et permettent de choisir un traitement adapté. Les 10 dernières années ont vu le développement de puces à ADN et du séquençage à haut débit du génome de cellules tumorales. Un énorme bond dans la caractérisation des cancers. Les recherches visent à connaitre l’aspect génétique de la tuméfaction, mais aussi à comprendre les mécanismes qui gouvernent la vie des cellules.
Tous les jours, nous développons des débuts de tumeur, car aucun système biologique n’est infaillible. Mais dans 99,99 % des cas, notre organisme y met fin par mort cellulaire, apoptose. La tuméfaction intervient lorsque certains dysfonctionnements échappent aux mécanismes de régulations. L’enjeu est donc de trouver des médicaments pour réengager cette mort cellulaire pour les cellules tumorales.
La génomique est l’étude de l’expression des gènes. Les dernières révolutions techniques permettent de connaitre l’expression globale d’un génome tumoral en opposition à celui d’une cellule saine. Les différences d’expression sont des pistes importantes pour traiter un cancer en particulier. En visant un caractère propre à la tumeur, sa destruction est plus efficace et moins dangereuse pour les tissus sains. En France, un vaste réseau de tumorothèque permet de mieux identifier et distinguer les différents types de tumeurs. Les comprendre, les différencier, c’est pouvoir mieux les traiter.
On ne parle donc plus du cancer mais des cancers: chaque type ayant une signature moléculaire permettant de les classer. N’ayant pas la même biologie, ils nécessitent d’armes différentes pour être combattus. Des groupes de malades peuvent être formés afin d’être pris en charge différemment.
Soigner les cancers :
La recherche ne part pas de rien; nous possédons déjà d’une base pouvant traiter une bonne part des cancers existants.
Cependant la meilleure compréhension de la biologie des cancers permet la mise au point de thérapies ciblées qui détruisent les cellules tumorales sans toucher, idéalement, les cellules saines du corps. Les traitements intelligents visent à bloquer les causes du cancer. Ces thérapies ciblées sont le fruit d’une longue collaboration entre chercheurs fondamentalistes et médecins chercheurs entre lesquels la séparation n’existe plus. On parle d’une recherche translationnelle qui prend les découvertes scientifiques, directement dans la vie des patients. L’institut national du cancer a pris l’initiative originale d’équiper le territoire pour rendre l’accès aux laboratoires de génétique facilité. Cela, afin que les analyses se fassent dans des délais compatibles avec le traitement.
Exemple pour la radiothérapie de thérapie ciblée: nanobiotix, technologie française
Accompagner
Les gens parlent du cancer car au-delà de la diversité des pathologies, on remarque une uniformité de l’expérience des personnes atteintes. Difficultés avec les proches, les employeurs, et se heurtent aux mêmes images lourdes du cancer dans la société.
Les réactions restent cependant hétéroclites. Les progrès en sciences humaines permettent une meilleure prise en charge des patients.
Et demain ?
Dans le futur les cancers seront maintenus à un stade infraclinique non gênant avec un traitement à long terme. On parle d’une forme de chronicisation – vivre avec un cancer stable et contrôlé, comme une personne atteinte d’hypertension ou de diabète.
“Vaccins contre de nouveaux types de cancer, réflexion sur la chronicisation de la maladie et ses implications sur la vie des patients après leur maladie… “
“Pourra-t-on alors « corriger » les altérations de gènes responsables de cancer via des thérapies géniques ? Ou encore, remplacer totalement un organe touché par un cancer en utilisant des cellules-souches issues du malade ? Toutes les hypothèses sont ouvertes.”
Source : Institut National du Cancer, http://www.e-cancer.fr/