Mönchengladbach : retour vers les sommets

De Jeremie Gaudez 

Le club allemand est un monument du football allemand. Mais jusqu’à présent, il appartenait surtout au passé et a connu des années difficiles, surtout au cours des années 2000, lorsqu’ils ont été relégués. Leur dernière défaite, 5-0 contre Leverkusen, laisserait penser que c’est encore le cas ; mais c’était leur première défaite depuis le 19 septembre et ils ont fini l’année dernière à la 3ème place. Ils ont aussi infligée au Bayern de Munich une cuisante défaite 3-1, la première cette saison pour le club munichois en Bundesliga. Un exploit qui montre bien leur retour au premier plan qui s’appuie sur la recherche de jeunes joueurs, des entraîneurs compétents et des achats judicieux.

M.Gladbach-vs-Bayern-Munchen

Une équipe qui mise sur des jeunes

Le Borussia Mönchengladbach a acheté de jeunes joueurs lors de ces dernières années, lesquels ont été revendus avec un bénéfice non négligeable et sont devenus des stars. L’exemple qui saute aux yeux est notamment l’ailier Marco Reus, acheté en 2009. Meilleur joueur de la Bundesliga lors de la saison 2011-2012 et transféré cette année au BvB Dortmund pour 17 millions d’euros, la plus grosse indemnité de transfert de l’histoire du club. Il a alors 23 ans. C’est aujourd’hui l’un des piliers de Dortmund.  Marc-André Ter Stegen, l’un des grands espoirs allemands au poste de gardien, a été acheté 12 million par Barcelone qui veulent en faire leur gardien du futur.

D’autres joueurs ont eux été formés au club et performent admirablement avec l’équipe première. Patrick Herrmann, ailier prometteur, a offert au club une passe décisive lors de ses débuts en 2010. Titulaire indiscutable depuis 2011, ce joueur de 24 ans est international allemand et représente la montée de force de ‘Gladbach. Un autre joueur, Mahmoud Dahoud, 19 ans, titulaire cette année, montre que le club arrive un entretenir un flot de jeunes joueurs talentueux.

Cette stratégie présente deux avantages précieux : elle permet d’entretenir un effectif talentueux à moindre coût et de vendre certains joueurs à prix d’or, permettant au club d’avoir une plus grande influence sur le marché des transferts. Elle contribue en grand partie au succès récent du club et montre une régularité, un professionnalisme.

Des achats judicieux

Certes ce club ne fera pas la une des transferts. Ils n’ont pas les moyens de rivaliser financièrement avec les grandes écuries européennes. Mais leurs décisions se sont souvent soldées par des succès colossaux. Max Kruse, acheté en 2013 à Freiburg pour 2,50 millions d’euros, et revendu en 2015 pour 12 millions, est le joueur le plus impliqué dans les buts marqués par le club pendant ces deux années. De même, Christoph Kramer, en prêt durant les saisons 2013-2015, a eu une influence grandissante sur le milieu de terrain ; tant et si bien qu’il a été rappelé par Leverkusen et qu’il a été titularisé en finale de la coupe du monde à la place de Khedira, joueur du real Madrid. Son rôle : marquer, surveiller museler Messi. Un joueur qui au club a pris une nouvelle dimension.

Le club cherche toujours des bonnes affaires et en trouve : Fabian Johnson, latéral/ailier américain, est arrivé au club gratuitement en 2014. C’est aujourd’hui l’un des meilleurs à son poste en Bundesliga. De même, d’autres joueurs se sont montrés fiables : Raffael, arrivé en 2013 de Kiev pour 5 millions, marque régulièrement. Cette année, Lars Stindl, arrivé d’Hanovre pour 3 millions, a été remarquable au milieu de terrain et arrive presque à faire oublier Kramer. C’est le meilleur buteur du club cette saison, toutes compétitions confondues.

Enfin le club, pour devenir compétitif, a dû beaucoup dépenser pour certains joueurs. Ainsi, il a dépensé 8 millions pour Dominguez, défenseur prometteur, le même montant pour Thorgan Hazard, frère d’Eden, ailier talentueux international belge, et surtout 10 millions pour Xhaka, en 2012, milieu suisse. Ce n’est pas un hasard si l’arrivée de celui-ci coïncide avec la hausse de niveau de jeu du club. Grandement sous-estimé, c’est l’un des meilleurs à son poste. Certains transferts n’ont pas encore justifié le montant dépensé : Drmic, acheté 10 millions, n’ont pas encore prouvé leur valeur. Ce dernier, attaquant, n’a toujours pas marqué en 5 apparitions seulement.

Moenchengladbach's Swiss midfielder Granit Xhaka plays the ball during the German first division Bundesliga football match Borussia Moenchengladbach vs Hanover 96 in the German city of Moenchengladbach on August 17, 2013. AFP PHOTO / PATRIK STOLLARZ DFL RULES TO LIMIT THE ONLINE USAGE DURING MATCH TIME TO 15 PICTURES PER MATCH. FOR FURTHER QUERIES PLEASE CONTACT DFL DIRECTLY AT + 49 69 650050. (Photo credit should read PATRIK STOLLARZ/AFP/Getty Images)

Un changement d’effectif sur les bancs de touche, et un nouveau souffle

Le grand renouveau du club Allemand a été la nomination de Lucien Favre, entraîneur suisse, en février 2011, avec pour mission de sauver le club de la relégation.

 

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Il réussit et se qualifia pour les barrages de la champions league l’année suivante en finissant 4ème. Il fit durer ce succès : l’équipe finissant toujours dans la première moitié de tableau sous sa tutelle, et même 3ème l’année dernière. Il s’appuie sur un 4-4-2 assez défensifs avec des milieux récupérateurs jouant assez bas. Ces milieux doivent cependant être capables de relancer rapidement le jeu et de l’orienter en cas de contre-attaque, d’où l’importance de certains joueurs comme Xhaka, Kramer et plus récemment Stindl. En cas de manque de présence au milieu de terrain, l’un de ses attaquants passait ailier et l’ailier devenait un 3ème milieu, s’alignant ainsi en 4-3-3. Xhaka était souvent aligné ailier pour cette raison et revenait au milier lorsque Raffael prenait sa place. Ce sont les couteaux suisses du club.

Le style de jeu du club est rapide, court. Il s’agit de jouer sur les ailes et de bien défendre. Il ne cherche pas la possession. C’est sans doute ce qui lui a permis de battre de grandes équipes au jeu plus posé comme le Bayern, deux années de suite.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. La vente de bons joueurs a eu raison de Favre qui n’a pas gagné un match cette saison et a démissionné le 20 septembre 2015. Pourtant, le club s’en remet bien, car il a visiblement choisi un excellent successeur : André Schubert.

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Il n’avait cependant que peu d’expérience : ainsi, il a d’abord assuré le rôle d’entraîneur intérim, mais en novembre, n’ayant encore perdu aucun match, sa position devint permanente. Son style de jeu ne diffère pas particulièrement de la philosophie de Favre, mais il s’adapte plus à l’adversaire (il a souvent aligné son équipe en 4-4-2, 4-3-3 ou 3-5-2 selon les circonstances). Il utilise le mieux possible le talent de l’équipe. C’est un excellent successeur.

Le Borussia sort peu à peu de sa léthargie depuis 2011 et la nomination de Favre à sa tête. L’entraîneur, une bonne cellule de formation et des achats judicieux, bon marché ont redonné une seconde vie à ce club. Une excellente nouvelle pour le championnat allemand qui, chaque année, donne lieu à une lutte acharnée derrière le Bayern de Munich. La compétition ne sera que plus ardue avec ce retour.