ParAlba Morales-Bermudez

« Les chaussures ne sont qu’un piédestal. Ce qui m’intéresse est la puissance de la femme qui les porte. »  Christian Louboutin

Quand un cordonnier fabrique une paire de talons hauts, il crée non seulement un accessoire utilisé par les femmes au quotidien, mais il crée également un objet fétiche, un symbole de pouvoir et de statut social. Les talons hauts permettent ainsi à celle qui les portes d’exprimer sa personnalité en arborant son  allure, avec confiance et de manière séduisante… tout particulièrement vers les hommes ?

L’histoire de talons hauts remonte à l’Egypte Ancienne où ils avaient comme but de surélever les pieds pour les protéger des ordures du sol.  Puis, au début du XVème siècle, les chaussures à semelles – notamment Chopines – qui atteignaient parfois soixante – dix centimètres d’hauteur, ont été créés afin de protéger les habits de la saleté puisque les robes étaient portées très longues, à cette époque. Initialement, les chopines étaient portées par les courtisanes de Venise, qui se servaient de la hauteur pour se démarquer de leurs rivales. Néanmoins, ce phénomène de mode s’est ensuite répandu parmi les femmes nobles en Europe.

C’est Catherine de Médicis qui fit venir de Florence en 1533 une paire de ces nouvelles Chopines à l’occasion de son mariage avec le Duc d’Orléans et lança ainsi la mode des chaussures à talon à la Cour de France. Étonnamment, le Roi Louis XIV (oui, un homme !) était le premier porteur des Louboutins.

Jusqu’à sa mort, il a fait couvrir les talons de ces chaussures hauts avec du cuir rouge, en provenance du Maroc. Plus récemment, c’était après la deuxième guerre mondiale que Christian Dior qui a fait évolué les chaussures à talon haut, révolutionnant ainsi la cordonnerie française, en élevant la hauteur de ces-premiers. Le cordonnier Roger Vivier, qui travaillait pour Dior, s’est attribué le mérite d’avoir crée le talon d’aiguille en utilisant du plastique pour crée un talon svelte mais notamment fort qu’il a appelé l’aiguille, d’où l’expression « talon aiguille ».

Laissons l’histoire d’un côté et centrons-nous dans le sens que les talons hauts ont depuis longtemps.  Depuis leurs premiers usages, les talons hauts étaient reconnus comme un symbole de pouvoir et de richesse. En étant élevée, la femme issue de la noblesse pouvait se distinguer de celles issues de milieux moins privilégiés. Également, l’hauteur de talons rendait le travail impossible, cela accentuait leur statut social et leur appartenance à une classe supérieur. Plus le talon était haut, plus la femme était riche et puissante. Le talon est donc un véritable outil de hiérarchisation sociale.  Cela est encore pertinent de nos jours puisque l’achat d’une paire de chaussures est encore lié à cette idée de puissance, de statut social et de revenu. N’entendons-nous pas souvent que « Rien n’est pareil comme dire qu’on a une paire des Louboutins » ?

Ensuite, il y a tout un aspect physique et esthétique lié aux talons hauts. Ils donnent généralement aux femmes une illusion esthétique des jambes plus longues, plus fines et plus élancées. Ils soulignent également les aspects féminins de la démarche d’une femme, en lui faisant un mouvement de  hanches plus marqué, en décélérant la vitesse de sa promenade. Cela rend la femme plus attractive pour un homme. Cela nous ramène à l’une des idées défendus par Sigmund Freud quand il apparente le talon haut à un objet sexuel fétichiste : la femme qui est remarquable par sa hauteur, semble plus vulnérable, incapable d’échapper à un danger, à un prédateur,  la rendant ainsi plus accessible à l’homme, qui se sent plus puissant.

Précisément, l’année dernière le psychologue français, Nicolas Guéguen, a décidé de se plonger dans la science derrière l’effet de l’hauteur du talon sur les hommes. Il a effectué ses recherches en se basant des expériences avec quatre femmes, entre vingt et trente ans, habillées avec la même tenue ; une jupe noire avec une chemise blanche. Le seul facteur divergent était l’hauteur du talon que chaque femme portait ; chaussures plates, talons de 5 cm et talons de 9 cm. Que s’est-il passé quand Guéguen a envoyé les femmes dans un bar ? La femme qui portait à ses pieds les talons plus hauts a été la première à être approchée par un homme, et-ce, seulement huit minutes après sa rentrée au bar.

Par conséquent, il faut reconnaît que quand une femme achète une paire de talons hauts, elle ne cherche peut-être pas le confort mais plutôt le sentiment du pouvoir et de confiance qu’ils leur donneront. La femme réfléchit à comment ils la feront plus haute, et bien entendu plus forte. Chaque fois qu’elle porte des talons hauts, elle est sur un piédestal, et le monde est à ses pieds.