De Maev Conneely

« Cette conception me séduisait : des amours rapides, violentes et passagères »

« Bonjour Tristesse » raconte les évènements d’un été passé dans le sud de la France du point de vue Cécile, une adolescente de dix-sept ans. Ecrit à la première personne du singulier, ce premier roman de Françoise Sagan fut publié quand elle avait 19 ans, et certains éléments de l’histoire de Cécile correspondent à la vie de l’auteur.

Dans une villa au bord de la méditerranée, Cécile passe son été avec son père et sa maitresse actuelle, Elsa. Le père de Cécile est un don juan aimable, et le trio mène une vie de plaisirs et d’insouciance. Les jours passent sous le soleil accablant ; Cécile ne fait que bronzer et se baigner.

L’arrivée d’Anne, une vielle amie de la mère décédée de Cécile, déclenche une suite d’évènements inattendus. Anne est une femme de cœur, sophistiquée, intelligente et calme. Elle ne ressemble en rien aux femmes auxquelles son père s’intéresse habituellement, et Cécile se méfie de cette nouvelle présence. La nouvelle vie sophistiquée qu’apporte Anne effraye Cécile, et menace la tranquillité de la vie enivrée et joyeuse qu’elle mène avec son père. Cécile voue à Anne une admiration intense, obscurcie cependant par ses doutes. Cet aspect jaloux de son adoration, qui possède une touche d’obsession, va avoir de dangereuses conséquences.

C’est un roman court, qui se lit en une journée, mais ses effets sont de plus longue durée. Le personnage de Cécile est complexe et imprévisible. Le ton du roman vacille entre une description romanesque des lieux et des évènements, et l’abstraction des réflexions tantôt angoissées, tantôt indifférentes de Cécile. Un des thèmes central du roman est l’amour : sa découverte, l’amour non partagé, son aspect physique et romantique. L’amour filial, l’amour l’interdit. Malgré cette omniprésence ce livre n’est pas une histoire d’amour ; « Bonjour Tristesse », en somme, n’est pas aisément classifiable. L’histoire met en scène de nouvelles découvertes pour Cécile, rapprochant le livre d’un bildungsroman, mais en même temps il semblerait qu’elle se trouve au même endroit psychique à la fin qu’au début du roman, ce qui remet l’idée d’évolution du personnage en question. Le dénouement fait de l’œuvre une sorte de fable, où la morale n’est pas explicite, et peut-être que ce manque de clarté, ce vide pourrait être la morale voulue?