Quand la mode fait de la politique

Par Alba Morales-Bermudez

La mode est sociopolitique. C’est un fait incontournable. La mode, abordée dans son aspect critique et intellectuel, devient une plateforme pour exprimer une pensée, une idée, ou prendre une position. Afin de mieux rendre compte de cela, nous allons revenir sur le parcours de stylistes qui ont su, de part leurs prises de position, redéfinir l’image de l’industrie de la mode.

Tout d’abord, le choix des mannequins soulève des problématiques sociopolitiques qui sont souvent mises à l’écart. Certains dérogent pourtant à la règle: Jean-Paul Gaultier profite de sa notoriété pour aller à l’encontre du racisme et l’objectification dont sont victimes les femmes dans les sociétés occidentales. Il invite régulièrement sur ses podiums des mannequins bien en chair comme la chanteuse de The Gossip, ou encore des mannequins transsexuels ou noirs. Il s’oppose aux normes, et rappelle qu’une femme n’a pas à être glorifiée ou discriminée pour son apparence physique, mais pour son esprit et sa pensée.

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De plus, la sélection des matériaux, notamment dans le cas de la couturière Stella McCartney, touche également à des enjeux importants. En collaboration avec PETA (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux), McCartney a décidé de prendre une décision courageuse: elle a récemment fait enlevé le cuir de tous ses produits. Le but de Stella McCartney est de révéler la cruauté de l’industrie du cuir, en donnant à ses clients l’option d’obtenir un produit synthétique de haute couture dont la fabrication ne requiert ni la cruauté envers les animaux ni une main-d’œuvre précaire.

Parlons maintenant d’un défilé hautement politique, qui a fait scandale. C’était en septembre 2014, au Grand Palais à Paris, où Karl Lagerfeld présentait « Le Boulevard Chanel ». Une troupe de top-modèles marchaient sur le podium avec des porte-voix et des panneaux sur lesquels on retrouvait des slogans tels que « La divorce pour tous », « Les garçons devraient être enceintes », « Lui pour elle ». D’une manière subtile, Chanel a su mettre le doigt sur l’inégalité des sexes, en soutenant les droits des femmes.

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Le dernier exemple est celui de la couturière Vivienne Westwood qui s’est forgée une image sur la scène publique avec ses affirmations politiques revendiquées et assumées. L’une des plus récente est sont soutient à l’indépendance de L’Écosse en 2014. L’ensemble de ses mannequins portait des badges épinglés à leurs habits sur lesquels on pouvait lire une grand « Oui » pour l’indépendance. Des voix se sont faites entendre contre la couturière en Angleterre, mais elle n’a pas fléchi dans son soutient à la cause écossaise.

En fin de compte, les couturiers se revêtent parfois de l’habit du politicien, infusant discrètement leurs défilés et leur créations de leurs positions politiques.