Brexit : et les étudiants dans tout ça?

Janvier 2013. David Cameron ouvre son discours au peuple britannique par ces mots : « Ce matin, je veux vous parler du futur de l’Europe ». La bombe est lâchée, le Premier Ministre envisage un référendum pour le maintien, ou non, du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne. Une question qui, depuis, est au centre de l’agenda politique britannique et devrait être tranchée d’ici 2017 au plus tard. Si la question a déjà été largement étudiée, notamment concernant les impacts économiques et politiques pour le pays, on peut s’interroger sur les conséquences pratiques, voire quotidiennes, d’une telle mesure, en particulier pour les étudiants.

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Avec 125 000 étudiants originaires des pays de l’Union Européenne dans les universités britanniques, l’impact économique d’une sortie pourrait se révéler désastreuse pour ces dernières. En effet, une complexification des procédures d’admission et d’immigration pour ces postulants pourrait entraîner une baisse du nombre d’étudiants européens, qui génèrent aujourd’hui 2,2 milliards de livres par an pour l’économie britannique, et créent 19 000 emplois selon le journal The Independent. Du côté de l’enseignement, il en va de même. En effet, 14% du corps enseignant universitaire est originaire de l’UE et une sortie du pays pourrait agir comme une mesure désincitative pour ces professeurs qualifiés. Toujours selon The Independent, le total des subventions accordées par Bruxelles au Royaume-Uni pour la recherche atteint 1 milliard de livres. L’absence de ces subventions pourrait résulter en une baisse de la qualité des recherches, un manque de moyens freinant les initiatives et donc, finalement, une baisse d’attractivité pour les universités anglaises, qui jouissent actuellement d’une excellente réputation.

Cependant, si l’aspect économique est à prendre en compte, une autre préoccupation doit être mentionnée : la vie quotidienne pour les étudiants. Tout d’abord, une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne se traduirait par une complexification des modalités d’entrée du territoire pour les ressortissants européens. Il vous faudra alors un visa officiel pour séjourner et résider sur le sol anglais, ce qui signifie des démarches administratives parfois lourdes et décourageantes. De plus, il convient de se demander ce qu’il restera des programmes européens étudiants tel qu’Erasmus en cas de réponse positive au référendum. En effet, ce programme d’échange pourrait bien être mis en péril, signifiant la sortie du Royaume-Uni de ce réseau international, qui permet aux étudiants d’être plongés au cœur d’une culture différente. En outre, il y a fort à parier que les conséquences économiques globales d’une sortie de l’UE ayant une conséquence sur l’ensemble des citoyens, les étudiants seraient fortement touchés par une possible augmentation des prix entrainée par la fin des accords commerciaux européens.

Plus qu’un enjeu politique lointain et abstrait, le « Brexit » est un enjeu central, également pour les étudiants. Cependant, si cette perspective est certes source d’inquiétudes, une sortie de l’Union Européenne s’accompagnerait sans doute d’accords passés en amont afin de garantir le maintien de l’économie et des échanges, à la fois commerciaux et culturels, avec les pays de la zone. De plus, il ne faut pas oublier que de nombreux étudiants d’origines diverses et lointaines n’hésitent pas à venir étudier au Royaume-Uni, malgré les démarches administratives. On peut donc raisonnablement penser qu’il en serait de même pour les étudiants européens.

Author: Marion Russel